Quel est l’impact de l’azote sur notre nature ?
Par rapport aux autres pays d’Europe, la Belgique compte un important surplus d’azote. Si l’on regarde une carte, il s’agit de l’un des points qui en abrite le plus. Si les plantes ont en effet besoin de cette substance pour vivre, se peut-il que l’azote soit problématique au-delà d’un certain taux ? Pourquoi ? Et comment résoudre ce problème ?
L’azote est un élément chimique présent dans l’air ; elle constitue près de 80 % de l’air que nous respirons tous les jours. Elle est nécessaire à la croissance des plantes mais leur est inutile si elle est simplement dans l’air, car les végétaux ne peuvent pas l’assimiler sous cette forme. L’air est en effet riche en diazote (N2), mais le lien entre les atomes est si fort qu’ils ne peuvent pas facilement être séparés l’un de l’autre. Pour que les plantes puissent l’assimiler, l’azote doit se retrouver sous forme d’oxydes d’azote (NOx) ou d’ammoniac (NH3) ; elle pourra alors se répandre via les bactéries présentes dans le sol. L’azote peut par exemple y entrer suite à un orage, car la charge électrique des éclairs brise les liens entre les atomes N qui peuvent ensuite se lier aux molécules d’oxygène. La pluie entraîne alors le mélange vers le sol et l’azote peut ensuite être utilisé par les racines des plantes. Magique, non ?
Une catastrophe environnementale
Mais alors, pourquoi un excès d’azote serait-il problématique ? Parce que certaines plantes vont alors pousser plus vite que d’autres, et les plus sensibles vont alors disparaître du paysage. Les arbres vont par exemple vite devenir grands et prendre la place de plantes plus petites et plus rares, réduisant ainsi la biodiversité qui fait toute la richesse de notre nature. En réalité, plus un sol est pauvre en nutriments, plus il favorise la biodiversité, car toutes les plantes ont les mêmes chances de trouver leur alimentation sans être dominées par une espèce à la croissance plus rapide. Par exemple, les plantes qui poussent dans le sol sableux des dunes se sont toutes adaptées aux conditions rudes de leur environnement. Si les dépôts d’azote augmentent d’un coup, certaines plantes vont profiter de ces nouvelles conditions et croître plus rapidement, s’implantant même parfois sur des sols où elles devraient être absentes. Elles vont ensuite envahir la région et empêcher les autres plantes d’y pousser. De plus, l’apport d’azote sous forme d’oxyde nitreux (N2O) dans les engrais augmente l’effet de serre, et l’azote a aussi sa part de responsabilité dans les pluies acides.
Mais l’excès d’azote n’est pas seulement négatif pour les plantes plus sensibles ; il peut aussi avoir un effet sur la vie des animaux. Vu que cette substance participe à la croissance des plantes, mieux vaut éviter qu’elle ne se retrouve en masse dans les cours d’eau, car les algues y proliféreraient, causant ainsi une pénurie d’oxygène et bloquant les rayons du soleil qui n’atteindront jamais les autres plantes. Il existe même des « zones mortes » à certains endroits de la planète où l’oxygène est devenu tellement rares que les poissons, les mollusques et les crustacés y meurent asphyxiés.
Et les effets de l’azote se ressentent aussi sur la terre ferme. Sur les sols particulièrement pauvres, rien ne pousse, et cela convient bien à certaines espèces. Le sol nu se réchauffe plus rapidement, une condition indispensable à la survie des animaux à sang froid comme les insectes, les amphibiens et les reptiles. Quand le soleil brille, ils vont se poser sur le sol pour maintenir leur température corporelle ; mais si la moindre parcelle de sol est recouverte de végétation, la terre se réchauffera plus lentement. De plus, certaines espèces d’abeilles creusent leur galerie dans le sol et ne pourraient plus trouver de refuge si celui-ci devenait inaccessible.
Pourquoi les taux d’azote augmentent-ils ?
Certains facteurs augmentent les taux d’azote dans l’air, comme les activités humaines. Les moteurs à combustion employés dans les véhicules ou dans les usines émettent des oxydes d’azote. En bref, toute réaction qui entraîne la combustion de combustibles fossiles au-delà d’une certaines température va libérer des oxydes d’azote. L’ammoniac, quant à lui, va se retrouver dans les urines et les excréments produits par le bétail, mais aussi dans les engrais chimiques.
Comment y remédier ?
Bien entendu, il existe des solutions pour contrecarrer les effets de l’azote. En tondant simplement là où l’herbe est trop haute ou en utilisant des ruminants pour entretenir la région, les plantes à la croissance rapide ne se répandent pas aussi rapidement et le sol reste nu par endroits. Mais le mieux reste d’agir à la source en émettant moins d’oxydes d’azote et d’ammoniac. La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez aussi y contribuer dans votre vie quotidienne :
- Si vous roulez à 100 km/h au lieu de 120, vous réduisez déjà les émissions d’azote.
- Vous pouvez aussi opter pour des moyens de transport plus respectueux de l’environnement tels que le vélo ou la marche quand c’est possible, et privilégier les transports en commun.
- Les émissions d’ammoniac peuvent quant à elles être réduites en limitant la prolifération du bétail ; réduire votre consommation de viande et de produits laitiers n’est donc pas une mauvaise idée pour agir à votre niveau.