Quel est l'impact des algues bleues sur la nature ?
En ce moment, des sortes d'algues bleues dérivent sur les eaux stagnantes. Leurs substances toxiques peuvent causer de graves problèmes de santé et tout le monde sait qu'il vaut mieux ne pas aller nager ou laisser son chien s'abreuver aux endroits où elles se trouvent. Mais saviez-vous que la vie aquatique souffrait aussi de leur présence ?
Rendons à César ce qui est à César : nous devons nos vies à ces algues. Quoi ? Ces bactéries primitives étaient les premières formes de vie sur terre capables de faire de la photosynthèse il y a 3,5 milliards d'années. Elles sont donc responsables des tout premiers apports d'oxygène dans l'atmosphère, mais elles ont ensuite laissé la place au développement des autres organismes.
Qu'est-ce que les cyanobactéries ?
D'un point de vue taxonomique, les algues bleues sont de véritables bactéries, aussi appelées « cyanobactéries ». Elles sont présentes dans les eaux stagnantes mais peuvent se multiplier quand l'eau se réchauffe (20 - 30°C) et que les nutriments y sont abondants. Si les conditions sont bonnes, leur nombre peut doubler en 24 heures. Elles forment alors une couche gluante et épaisse sur la surface de l'eau. Elles dégagent parfois un parfum d'égout qui ne donne de toute façon aucune envie de nager ou de boire. En fonction de l'espèce, les bactéries peuvent prendre des teintes qui vont du bleu-vert au brun-rouge.
Pourquoi les algues bleues sont-elles si dangereuses ?
Un trop grand nombre de bactéries signifie aussi une mortalité élevée de ces bactéries, et c'est à ce moment que les algues bleues deviennent dangereuses. Si la situation temporaire devient définitive, elles libèrent des toxines qui peuvent causer des dommages à de nombreuses espèces animales. Ces dégâts dépendent de l'espèce, car chacune possède sa propre combinaison de toxines. Elles peuvent être réparties en quatre catégories :
- les hépatotoxines : des toxines qui s'attaquent au foie
- les neurotoxines : des toxines qui agissent sur le système nerveux
- les dermatotoxines : des toxines qui provoquent des irritations cutanées
- les cytotoxines : des toxines qui ont une action spécifique sur certaines cellules
Vous ne devez donc pas forcément ingérer des cyanobactéries pour en subir les conséquences. La liste des symptômes potentiels provoqués par les algues bleues est en plus très longue : irritation des yeux, des muqueuses et de la peau, maux de tête, vomissements, diarrhée, fièvre, léthargie, spasmes, tremblements, crises d'épilepsie... Certains poisons sont même tellement toxiques qu'ils peuvent tuer en quelques heures. Notre corps n'est pas capable d'assimiler ces toxines et il n'existe aucun antidote.
Les conséquences indirectes d'un excès de cyanobactéries
Les toxines qui atterrissent dans l'eau peuvent causer des catastrophes qui dépendent de cette même eau. Les mammifères ne sont pas les seuls à être sensibles à leurs effets ; les oiseaux, reptiles, amphibiens et même les poissons et les invertébrés peuvent être intoxiqués. Mais les cyanobactéries sont désastreuses pour la vie aquatique pour d'autres raisons :
- Elles bloquent les rayons du soleil dans les profondeurs de l'eau, ce qui freine la croissance des plantes
- Elles consomment de grandes quantités d'oxygène pendant la nuit, causant des problèmes à d'autres organismes et provoquant la mort massive des poissons
- La décomposition de cette énorme biomasse de cyanobactéries mortes cause des pénuries d'oxygène
- Le manque d'oxygène dans l'eau est aussi mis à profit par Clostridium botulinum, une autre bactérie dangereuse qui provoque un botulisme mortel dans les eaux stagnantes.
Les algues bleues seront-elles davantage présentes à l'avenir ?
Les cyanobacteries s'accumulent surtout quand il fait chaud et ensoleillé pendant trop longtemps dans les eaux stagnantes riches en nutriments. Autrefois, ce phénomène n'arrivait qu'à la fin de l'été, mais les alertes sont lancées toujours plus tôt dans la saison. Malheureusement, l'être humain est en partie responsable.
Vous vous doutez probablement que le changement climatique joue aussi un rôle ici. Plus les températures sont élevées, plus les cyanobactéries se développent. Mais ce n'est pas tout : ces organismes toxiques profitent aussi des conditions météorologiques extrêmes d'une autre manière.
Les algues bleues n'apprécient pas l'eau courante. Une bonne averse est suffisante pour éparpiller temporairement leurs populations. Mais moins leur habitat est soumis aux ondées, plus les bactéries s'épanouissent. Si aucune forte averse ne se présente, d'autres facteurs avantagent les algues bleues. De nombreux fertilisants se déversent alors directement de la terre à l'eau. Les algues bleues aiment ces conditions, car elles peuvent chasser plus efficacement et plus rapidement les algues vertes, totalement inoffensives.
Comme il semblerait que les algues bleues risquent de plus en plus de se développer pendant l'été, chaque effort pour éliminer l'excès de nutriments dans l'eau compte. Vous pouvez aussi mettre la main à la pâte, par exemple en ramassant les crottes de votre chien, en ne nourrissant pas les oiseaux aquatiques et en fertilisant moins souvent votre jardin.
