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Les humains sont des animaux, mais les animaux sont-ils aussi humains ?

Croyez-le ou non, cette question occupe toujours les scientifiques à l'heure actuelle. Nous avons tendance à voir les animaux comme des êtres humains et à les humaniser. Nous laissons sortir le chat parce qu'il « s’ennuie », nous trouvons le chien « attentionné » quand il nous amène le journal, et pensons que le poisson rouge est « triste » parce que son compagnon est mort. L'ennui, la prévenance et le chagrin sont des émotions humaines que les animaux ressentent différemment. La projection d'émotions humaines sur des animaux s'appelle l'anthropomorphisme (du grec « anthropos », « homme » et « morphe », « forme »). Si cette conception est souvent fausse, il arrive pourtant qu'associer des caractéristiques humaines aux animaux soit une bonne idée.

L'anthropomorphisme dans la science

Dans le cadre des études comportementales sur les animaux, les scientifiques ne laissent aucune place à l'anthropomorphise, car cela rendrait l'étude subjective étant donné que différents scientifiques pourraient voir des émotions différentes chez un même sujet. Heureusement, les scientifiques en sont conscients depuis longtemps et savent comment résoudre ce problème.

Cependant, la science exclut alors totalement les émotions humaines chez les animaux. En 2016, le célèbre primatologue néerlandais Frans de Waal a écrit un livre intitulé « Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux ? » – que nous vous conseillons vivement. Frans de Waal a inventé un antonyme au terme « anthropomorphisme » en 1999 : l'« anthropodéni ». Selon lui, ses collègues ont parfois trop peur d'humaniser les animaux et sous-estiment alors nos ressemblances et nos similitudes. Les primates sont par exemple particulièrement semblables aux humains ! Ils fabriquent des outils, créent des liens, possèdent une mémoire à long terme, sont capables de résoudre des problèmes complexes, montrent des comportement de deuil et se reconnaissent dans un miroir, tout comme nous. Le livre de Frans de Waal contient bien d'autres exemples de comportements étonnants que les singes ne sont pas les seuls à montrer.

Kleine mantelmeeuw

L'anthropomorphisme dans Notre Nature

Dans les documentaires nature ou les textes de vulgarisation scientifique, l'anthropomorphisme est souvent employé. Il ne s'agit pas ici d'une donnée problématique mais d'une arme secrète : en projetant des émotions humaines sur des animaux, les spectateurs et les lecteurs se plongent plus facilement dans l'histoire.

Les réalisateurs ne se contentent d'ailleurs pas d'utiliser des mots : les images, les techniques cinématographiques (comme les timelapses, la composition des images et les angles de prise de vue) et la musique sont là pour éveiller la compassion et les émotions du spectateur. Voici quelques exemples :

  • Dans le documentaire Netflix « La danse des oiseaux », la voix-off convainc les spectateurs de l'humanité des oiseaux. Les oiseaux « dansent » pour « trouver l'amour » comme le feraient des êtres humains.
  • Dans la série de la BBC « The Private Life of Plants », les réalisateurs utilisent des timelapses pour accélérer la croissance des plantes, car comme le dit David Attenborough : «les plantes doivent voyager». En vitesse accélérée, les plantes qui grandissent nous ressemblent un peu plus. Le titre en lui-même est un exemple d'anthropomorphisme.
  • Les réalisateurs de documentaires essaient de nous mettre dans la peau des animaux et de nous faire réfléchir à ce que nous ferions à leur place. L'emploi des gros plans et des plans subjectifs sont alors essentiels. Les gros plans permettent par exemple de voir uniquement l'œil de l'animal et lors des plans subjectifs, la caméra filme exactement ce que l'animal verrait. Ces images rendent l'instant intime et émouvant, aidant le spectateur à se mettre à la place de l'animal.
Ringslang zwemt in het water

En bref, l'anthropomorphisme présente deux facettes opposées qui peuvent tout à fait coexister. Les scientifiques évitent d'employer cette vision des choses parce qu'elle peut les rendre subjectifs, mais les documentaires nature l'utilisent pour donner vie à l'histoire et ainsi donner naissance à un plus grand respect pour la nature.

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