Les grives musiciennes peuvent-elles compter les strophes de leur chant ?
Katelijn, l'une de nos fans, a récemment profité de la sérénade mélodieuse d'une grive musicienne venue chanter dans son jardin. Et comme tout bon guide des oiseaux l'explique, elle a répété trois fois le même thème. Mais euh... les grives musiciennes – et les oiseaux en général – sont-ils capables de compter ?
Le chant de la grive musicienne
La grive musicienne (Turdus philomelos) n'a pas volé son nom : elle siffle comme personne et sa voix s'entend de très loin. Vous pouvez vous émerveiller devant son chant dès le début du printemps jusqu'au début de l'été, un peu avant le lever du soleil. Pour pouvoir atteindre un public aussi large que possible, elle cherche l'équivalent d'un podium au sommet d'un arbre ou au-dessus d'une cheminée.
Quand on connaît sa voix, il n'est pas difficile de la reconnaître, mais les ornithologues débutants doivent tendre l'oreille: le chant de la grive musicienne a beaucoup de similitudes avec celui du merle. Mais comment les différencier ? Les deux oiseaux chantent par strophes, mais alors que le merle préfère les airs doux et mélancoliques, le répertoire de la grive musicienne est plus puissant et varié. De plus, la grive musicienne répète généralement ses strophes plusieurs fois l'une après l'autre, un talent que le merle ne possède pas. Qui gagnerait The Voice Belgique ? Les amateurs d'oiseaux ne sont pas sur la même longueur d'onde.
Trois notes... Plus ou moins
La grive musicienne connaît plus de cent mélodies différentes. Son répertoire comprend aussi l'imitation d'autres oiseaux et même de sons humains tels que les klaxons des voitures. Elle choisit malgré cela de répéter les mêmes sons. En y prêtant attention, on remarque qu'elle produit généralement trois fois le même : « tidik-tidik-tidik », « tiou-tiou-tiou » ou « tchip-tchip-tchip ». C'est la raison pour laquelle son nom en vieil anglais est « thrice cock ».
Pourtant, toutes les grives musiciennes ne sont pas capables de compter jusque trois : vous entendrez régulièrement des grives émettre deux fois le même son, ou chanter quatre ou cinq fois la même chose, parfois même plus. Ce que nous entendons par « compter » est trop complexe pour la grive musicienne. Elle répète probablement les mêmes strophes car cela lui demande moins d'énergie de produire les mêmes sons l'un après l'autre – n'oubliez pas : les sérénades sont fatigantes pour un oiseau ! Il n'est donc pas très étonnant que les femelles ne chantent pas : elles doivent économiser de l'énergie pour pondre leurs œufs.
De plus, une étude montre que le bruant chanteur nord-américain mélange ses mélodies pour rendre sa performance plus intéressante pour le public féminin. Il pourrait alors produire ses strophes selon le même ordre et la même fréquence pendant une demi-heure afin de prévoir suffisamment de variations dans sa playlist suivante. S'il répète par exemple dix fois le même air, il choisira d'abord d'autres chants de son répertoire avant de répéter le premier. Il évite ainsi de ressasser la même chanson et garde l'attention des femelles. Nous ne savons pas vraiment s'il est capable de compter le nombre de répétitions, mais il semble instinctivement savoir quand il doit changer sa ritournelle.
Les oiseaux sont-ils donc incapables de compter ?
Bien sûr que non ! La plupart des oiseaux sont capables de littéralement sentir quand leur couvée est complète via la stimulation tactile d'une zone déplumé sur leur ventre qui leur permet de garder leurs œufs au chaud. Il existe également des preuves que certaines espèces peuvent compter leurs œufs à vue.
Une étude biologique de l'Université de Californie prouve par exemple que la foulque d'Amérique est souvent capable de repérer l'œuf d'un congénère dissimulé entre ses œufs et de le faire rouler hors de son nid d'un coup de bec bien placé. Quand elle ne reconnaît pas un œuf étranger, elle pondra systématiquement un œuf de moins. Elle sait en effet combien de poussins elle pourra élever dans des circonstances données et ne dépassera pas son nombre maximal.
La prochaine fois que vous voudrez traiter quelqu'un de « pigeon », sachez que les pigeons sont aussi capables de compter et ont même conscience de certains concepts mathématiques abstraits. Un groupe de pigeons étudiés à l'université d'Otago (Nouvelle-Zélande) a appris à ordonner les nombres 1, 2 et 3 grâce à des photos comportant le nombre d'objets en question. Quand les pigeons recevaient en plus une récompense à chaque fois qu'ils optaient pour le plus petit groupe d'objets, ils pouvaient se diriger sans peine vers un groupe de huit carrés plutôt qu'un groupe de neuf carrés exposés sur un écran. Ils ont quasiment fait aussi bien qu'un macaque rhésus moyen !
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