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Yves Adams

Comment les animaux s’adaptent-ils à la nuit ?

En cette saison, les jours commencent enfin à s’allonger, mais la nuit nous semble encore très longue. Après tout, nous sommes des êtres diurnes, conditionnés pour vivre en pleine journée et désemparés une fois plongés dans le noir. Pourtant, certains animaux sont habitués à l’obscurité et révèlent tous leurs talents une fois le soleil couché. Comment se sont-ils adaptés à ces conditions ? Quels superpouvoirs ont-ils développés ?

Avez-vous déjà observé les yeux d’un hibou ou d’une chouette ? Ils représentent à eux seuls 5 % du poids de leur corps, ce qui est gigantesque si nous les comparons à nos propres yeux ! Car pour ce qui est de la vision dans l’obscurité, la taille compte : plus les yeux sont grands et les pupilles sont larges, plus les animaux parviendront à capter la lumière. De plus, ils ont une couche réfléchissante située à l’arrière de la rétine que l’on appelle « tapis choroïdien » – ou tapetum lucidum – qui réfléchit la lumière et rend leurs yeux phosphorescents la nuit. Mais outre son effet saisissant, cette couche réfléchissante permet de capter plus de lumière quand la luminosité est faible.

Autre différence : les yeux des animaux nocturnes contiennent bien plus de bâtonnets, des cellules photosensibles qui facilitent la vision dans le noir mais qui ne captent pas les couleurs. La plupart des vertébrés n’ont qu’un seul type de bâtonnets, et c’est pourquoi la nuit, nous ne distinguons que des nuances de gris et de noir.

Les poissons des abysses ont même poussé l’évolution plus loin : ils ont développé plusieurs types de bâtonnets qui leur permettent d’avoir une vision plus nuancée. L’université du Queensland (Australie) a ainsi découvert que 13 espèces de poissons  possédaient des gènes capables de coder des formes différentes de rhodopsine, une protéine sensible à la lumière. Et contrairement aux bâtonnets des autres vertébrés qui ne voient que le noir et le blanc, leur rhodopsine leur permettraient également de percevoir plusieurs nuances de bleu.

La bioluminescence

D’autres animaux n’ont pas cette vision exceptionnelle mais ont trouvé une autre astuce : quand il n’y a pas de lumière, ils la créent. Ils se contentent donc de provoquer une réaction chimique et convertissent cette énergie en lumière. Cette technique est par exemple utilisée par les lucioles quand elles recherchent un.e partenaire ainsi que par la sépiole d’Atlantique pour éviter les attaques de prédateurs. Si la bioluminescence existe généralement chez des espèces nocturnes ou abyssales, elle a souvent une autre fonction que d’aider simplement son propriétaire à mieux voir : elle sert à attirer des partenaires, à effrayer des prédateurs ou à communiquer.

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Rollin Verlinde

Une ouïe très fine

Les strigidés n’ont pas seulement une excellente vue, ils sont aussi capables d’entendre le moindre bruit. La raison ? Leurs oreilles asymétriques ! Comme leurs conduits auditifs sont sur des hauteurs différentes, les sons n’arrivent pas au même moment dans les deux oreilles, et chacune peut capter des informations différentes. D’autres animaux comme les chats peuvent facilement bouger leurs oreilles dans tous les sens et les orienter dans la direction d’où proviennent les bruits afin de mieux les identifier. Et ici aussi, la taille a son importance : les oreillards, ces chauves-souris aux immenses oreilles, peuvent percevoir le moindre insecte qui se déplace, car le son est amplifié par leurs gigantesques pavillons.

L’écholocation

Arme bien connue des chauves-souris, l’écholocation est aussi très utile pour se repérer dans la nuit noire. Il suffit de lancer un ultrason qui se répercutera contre les objets environnants pour obtenir toutes sortes d’informations : distance entre les parois ou les objets, présence d’obstacles ou de proies… Toutes ces informations seront traitées par le lobe pariétal en à peine quelques secondes. Pratique pour chasser (presque) à l’aveugle ! Certains cétacés et la musaraigne sont également des adeptes de cette technique qui a depuis longtemps fait ses preuves.

Oreillard roux
Rollin Verlinde
Oreillard roux

Du flair et des organes sensoriels

Et l’odorat dans tout ça ? Les mammifères et les reptiles ont un organe appelé organe de Jacobson ou organe voméronasal situé au niveau du palais qui permet de percevoir les phéromones. C’est d’ailleurs pour faire fonctionner cet organe que certains animaux retroussent parfois les lèvres en percevant une odeur.

Les terminaisons nerveuses vont aussi jouer un rôle pour les animaux qui ont besoin de se repérer dans le noir. Les taupes sont par exemple dotées de l’organe d’Eimer, une papille très sensible située sur leur museau.

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