Balade au cœur des Fagnes
L’automne défile lentement, nous berçant de ses belles couleurs. Et où sont-elles parfaitement mises en valeur, sinon dans les Fagnes ? Pour profiter des splendides paysages de cette saison, nous avons choisi de tester les circuits de promenade du Domaine de Bérinzenne, à 5 km à peine de la ville de Spa. Et même si nous n’avons pas pu profiter de toutes les possibilités offertes par le site (COVID oblige), la balade en vaut clairement la peine !
A la découverte de notre nature
Par cette belle après-midi automnale, nous voilà donc embarqués pour Spa, direction Bérinzenne. Une fois garés sur le parking du domaine, nous apercevons une carte et constatons que les possibilités de promenades sont nombreuses : nous allons donc devoir choisir. Nous optons d’abord pour le circuit didactique, à proximité immédiate de l’accueil et du Musée de la Forêt et des Eaux, fermé temporairement suite aux mesures gouvernementales anti-Covid. En temps normal, vous pouvez y faire un crochet pour que petits et grands en apprennent davantage sur la faune et la flore de cette magnifique région. Le parcours interactif comprend plusieurs panneaux explicatifs assortis de questions ludiques pour les enfants sur les plantes indigènes, le rôle des abeilles ou encore l’importance des haies. Il présente également des initiatives simples pour favoriser la biodiversité dans votre jardin (un peu comme Notre Nature en somme !). Petit plus utile aux touristes venant de l’autre côté de la frontière linguistique : toutes les informations sont retranscrites en français et en néerlandais.
Autour du bâtiment muséal, nous observons d’ailleurs plusieurs de ces conseils mis en pratique : une ruche, vide en cette saison, une mangeoire à oiseaux et un compost. Le site est aussi au cœur du projet LIFE Ardenne liégeoise qui vise à rendre son état d’origine aux paysages des Hautes Fagnes. Ce pan du circuit didactique s’adresse en particulier aux élèves de fin de primaire et début de secondaire et présente les initiatives mises en place pour préserver et restaurer les tourbières, ces zones humides si typiques de la région. La tourbe qui les forme est une accumulation de matières organiques, renfermant ici des débris de sphaignes, linaigrettes, canneberge, rossolis et carex dont la partie inférieure meurt et stagne. Ce mélange acide (à cause de la sphaigne) et pauvre en oxygène (car rempli d’eau) va empêcher la décomposition des organismes, faisant donc des tourbières un parfait lieu de préservation. En outre, le domaine veut sensibiliser aux sites Natura 2000 et propose également un plan pour découvrir les nombreux arbres indigènes présents sur le parcours.
Un point de vue d’exception
Nous continuons en direction de la tour panoramique, qui nous promet une vue sans pareille sur toute la région. En chemin, nous nous arrêtons devant le gros orme de Bérinzenne, vieux d’environ 300 ans et planté au lieu-dit « Thier de Pierfays ». Le pauvre ancêtre a bien souffert au cours de sa longue vie mais se dresse toujours fièrement devant nous.
Un peu plus loin, nous apercevons la fameuse tour. Une fois arrivés au pied, nous comptons les volées d’escaliers qui nous séparent du sommet : sept. Ça va être sportif ! Nous gravissons les étages… et ne sommes pas déçus : le panorama qui s’offre à nous du haut des 22 mètres de la tour est tout simplement superbe ! D’où nous sommes, à 570 mètres d’altitude, nous pouvons même voir la ville de Liège au loin. La construction surplombe les immenses étendues végétales orangées teintées de vert qui s’étendent à perte de vue. Nous finissons par redescendre car il y a encore une longue marche qui nous attend.
Nous continuons notre route en suivant les platelages sur pilotis. Pas question de s’éloigner du chemin au risque de s’embourber ! De ce fait, sachez que cette partie n’est pas accessible aux poussettes. Les tourbières sont clairement visibles de part et d’autre. Elles constituent un habitat d’une grande valeur pour les batraciens et les libellules et renferment des espèces végétales protégées. On comprend mieux l’intérêt de préserver ces véritables mines d’or écologiques, menacées par l’homme. Au bout du chemin, nous passons à côté d’un mémorial dédié à l’équipage d’un bombardier anglais abattu pendant la Seconde Guerre mondiale. À ce moment, le paysage commence à changer : les tourbières se muent peu à peu en forêts. Nous allons pousser jusqu’à l’arboretum.
Un bout de forêt canadienne en Belgique
Le chemin qui s’enfonce vers la forêt paraît magique à la lueur du soleil couchant. Les bouleaux situés au bord de la petite route abritent encore des nids, désertés par leurs habitants de la saison passée. Quelque 2 km plus loin, nous apercevons un grillage qui encadre une étendue d’arbres : nous voici arrivés à l’Arboretum de Tahanfagne. Il est divisé en plusieurs sections présentant chacune une essence différente. Les premiers arbres sur notre droite sont des feuillus typiques de nos régions. Après avoir traversé un petit ruisseau, nous arrivons face à des pins originaires d’Orient, comme la sapinette du Caucase (Picea orientalis). Au tournant, nous nous retrouvons dans l’ombre d’épicéas d’Engelmann (Picea engelmannii), et je dois bien avouer que pendant un instant, je me suis imaginée dans les forêts du Grand Nord américain, entourée par ces géants venant tout droit de Vancouver. Un peu plus loin, les pins qui nous entourent sont eux originaires du continent asiatique, tel le Tsuga du Japon (Tsuga diversifolia). Tous ces arbres exogènes n’ont aucun mal à pousser sous nos latitudes : les conditions climatiques de l’est de notre pays leur offrent tout ce dont ils ont besoin ! La balade est agréable ; seuls le vent et les oiseaux du soir se font entendre. On est loin du tumulte de la ville.
En bref : lors de la prochaine belle journée de la saison, n’hésitez pas à essayer vous aussi cette randonnée ! Constamment sur chemin plat, elle est tout à fait praticable pour toute la famille. Attention cependant à vous munir de chaussures étanches ou de bottes car l’environnement des tourbières est évidemment humide et boueux.