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Bert Willaert

Tout ce que vous ne saviez pas sur le sang dans la nature

Cinq litres de sang coulent dans nos veines ; il est rouge et est réparti en différents groupes sanguins. Voilà jusqu'où vont les connaissances du Belge moyen. Mais que savez-vous sur le sang des animaux sauvages ? De quelle couleur est-il ? Ont-ils également différents groupes sanguins ? Pourquoi certaines espèces l'apprécient ? D'autres organismes ont-ils une affinité avec le sang ? Notre Nature a enquêté !

La couleuvre à collier saigne pour se défendre

La couleuvre à collier helvétique peut saigner sur commande, même si elle n'utilise ce tour de passe-passe qu'en cas d'urgence. Cette astuce l'aide à se faire passer pour morte et est particulièrement efficace pour tromper les prédateurs. Quand sa vie est menacée, la couleuvre à collier se couche sur le dos, laisse pendre sa langue fourchue et révulse ses yeux. Pour peaufiner sa belle performance d'actrice, elle laisse couler un peu de sang du coin de sa bouche et se roule dans une substance dégageant une odeur de pourriture qu'elle sécrète via son cloaque. Même affamé, aucun prédateur n'oserait planter ses crocs dans un serpent qui semble mort !

Les prédateurs reconnaissent le sang grâce à une seule molécule odorante

L'odeur du sang frais attire fortement les prédateurs. Elle leur indique le chemin à suivre vers un animal blessé – ou dans leur langage : une proie facile. Des chercheurs ont découvert que l'odeur d'un composant du sang (pour les fans de biochimie : trans-4,5-epoxy-(E)-2-decenal) provoquait le même effet dans leur cerveau que l'odeur du sang. Celui-ci a la même sensation métallique que nous associons typiquement au sang.

Le sang existe dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel

Le sang des mammifères, des poissons et des oiseaux est rouge comme le nôtre. Le sang bleu n'est pas réservé aux membres de la noblesse, mais aux crabes, homards, escargots, crevettes, calamars et araignées. Certains vers marins ont été gratifiés de sang mauve et les annélides doivent se contenter de sang vert. Pourquoi leur sang prend-il toutes ces couleurs ? Vous le saurez en lisant cet article.

Autant de groupes sanguins que d'animaux

Ceux qui ont déjà donné leur sang (et pour ceux qui ne l'ont jamais fait, envisagez de sauver une vie via cette page) connaissent leur groupe sanguin. Les êtres humains sont répartis entre O, A, B ou AB en fonction des antigènes qui composent leurs cellules sanguines. Chez les autres mammifères, davantage d'antigènes peuvent être liés aux globules rouges. Comme les transfusions sanguines sont très rares chez les animaux sauvages, la plupart des études sur les groupes sanguins ont été effectuées sur des animaux domestiques et des primates. Il existe trois groupes sanguins chez les chats (A, B et AB), huit chez les chevaux, onze chez les bœufs et au moins 13 chez les chiens. Les chimpanzés sont surtout issus du groupe A (et parfois O), les gorilles sont toujours B et les orangs-outans sont A, B ou O.

Les animaux peuvent-ils survivre grâce à une transfusion d'une autre espèce ?

Pour les victimes humaines, les hôpitaux peuvent puiser dans une banque de sang qui contient des réserves de tous les groupes sanguins, mais chez les animaux, les choses sont différentes. Pour les animaux domestiques, auxquels nous sommes émotionnellement très attachés (chiens, chats, chevaux), les vétérinaires peuvent prélever du sang chez des donneurs volontaires au moment nécessaire. Ceux-ci sont des animaux qui éprouvent moins de stress lors des visites vétérinaires. Mais quand un animal sauvage a perdu beaucoup de sang, les vétérinaires ne peuvent hélas pas compter sur l'empathie des autres animaux. La seule option est alors une « xénotransfusion », un don de sang d'une autre espèce. Elle permet aux animaux blessés de survivre pendant quelque temps, mais leur corps décompose le sang des autres espèces en quelques jours. De plus, leurs anticorps luttent contre ce sang étranger, ce qui rend les nouvelles transfusions impossibles. En pratique, les pertes de sang importantes chez les animaux sauvages ont généralement une fin tragique.

Le sang épais est une armure contre le froid

Les amphibiens qui hibernent dans l'eau froide épaississent leur sang pour survivre. En élevant temporairement leur glycémie grâce à du glucose synthétisé par le foie, ils épaississent leur sang qui ressemble alors davantage à du sirop. Comme leur métabolisme est très lent en hiver, le transport d'oxygène devient secondaire. La seule chose qui compte est d'empêcher le sang de geler, et c'est là que le glucose entre en scène. Il abaisse le point de congélation du sang afin qu'il reste liquide même par -8°C. Un vrai antigel naturel !

Quels animaux boivent du sang ?

Le don de sang permet de sauver des vies, nous le savons tous. Heureusement, nous n'avons besoin des banques de sang qu'en cas d'urgence, mais certains animaux en dépendent tous les jours. Il s'agit d'une forme d'évolution particulière, car même si ce liquide est nécessaire à notre vie, il est très peu nourrissant. Il est en effet bourré de protéines – jusqu'à 93 % – ce qui est très agressif pour les reins. De plus, le taux de fer présent dans le sang des mammifères peut être toxique. L'hématophagie – la consommation de sang – n'existe que chez les plus petites formes de vie comme les insectes et les vers dont l'organisme a su s'adapter. Les puces de lit et les tiques ne sont d'ailleurs pas capables de se nourrir d'autre chose, mais de nombreux autres organismes ont un régime plus varié. La plupart des suceurs de sang sont par exemple des eunicides qui mangent de tout. Chez les moustiques, seules les femelles boivent du sang quand elles produisent leurs œufs, et les lamproies marines ne parasitent les poissons qu'au stade adulte.

Les arbres peuvent-ils aussi saigner ?

Il nous arrive aussi de dire qu'un arbre « saigne » quand il perd une branche ou est taillé à la mauvaise saison. Ce phénomène est souvent observé chez les érables, les bouleaux et les charmes, mais d'autres essences peuvent perdre beaucoup d'humidité, par exemple en hiver, quand les arbres semblent presque morts sans leurs feuilles. Ils se préparent de l'intérieur pour le printemps en réactivant leur sève. Comme certains arbres peuvent « saigner » comme des bœufs, leur sève sucrée (qui n'est pas du sang !) est parfois prélevée pour être consommée. Au Canada, chaque cuisine contient une bouteille de sirop d'érable et nous pouvons aussi retrouver de la limonade de bouleau dans nos contrées.

Des champignons sanglants

Certains champignons semblent aussi saigner quand ils présentent une entaille. Leur nom sanglant renvoie souvent à cette caractéristique digne d'une scène d'Halloween. Le polypore sanguinolent, par exemple, devient rouge sang quand il subit des dommages alors que la russule sanguine et la fistuline hépatique présentent cette couleur en permanence.

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