Durbuy sous eau
Quelles conséquences les inondations ont-elles eu sur la faune et la flore ?
En juillet dernier, l’Europe de l’Ouest a connu des inondations d’une violence sans précédent qui ont fait de nombreuses victimes. Mais qu’en est-il de la faune et de la flore locales ? Ont-elles aussi gravement souffert suite à cette catastrophe naturelle ? Quel sera l’impact dans l’avenir sur notre nature ?
Les 14 et 15 juillet 2021, notre pays et ses voisins se retrouvaient noyés sous de fortes ondées qui ont fait déborder fleuves, rivières et barrages. Du jamais-vu ! Des centaines de bâtiments détruits, des morts et des disparus… Ces inondations resteront longtemps gravées dans nos mémoires, et les dégâts causés mettront du temps avant de disparaître. Et si ces caprices météorologiques ont été calamiteux pour les citoyens et pour les infrastructures, la nature n’a pas été épargnée non plus.
Manque d’oxygène et pollution des eaux
Ces inondations sont notamment catastrophiques pour la faune aquatique ; elle ne risque certes pas de se noyer à proprement parler, mais bien de s’asphyxier. À cause des pluies torrentielles, les cours d’eau sont sortis de leurs lits et ont charrié avec eux de la boue, mais aussi des déchets organiques et même des corps. Toutes ces matières étrangères polluent l’eau avec laquelle elles sont en contact, la rendant impropre à la consommation – et à la vie pour les organismes qui y évoluent. Les végétaux morts s’accumulent et demandent énormément d’énergie pour être décomposésefficacement ; quand trop de matière organique doit être traitée, la quantité d’oxygène diminue drastiquement et augmente ainsi la mortalité des poissons, des plantes aquatiques et des invertébrés qui en ont besoin pour survivre. De plus, si l’eau vient à stagner, les végétaux « envahissants » vont proliférer, utilisant tout l’oxygène disponible.
La violence des eaux a également endommagé plusieurs citernes à mazout un peu partout sur le territoire. En répandant leur contenu dans la nature, elles ont pollué les eaux et les sols alentours. Si ces conséquences sont – malheureusement – plus habituelles en milieu marin, où les hydrocarbures sont déjà synonymes de catastrophe, elles pourraient bien toucher la faune à l’intérieur des terres. Nous nous rappelons des nombreuses marées noires de notre histoire et des images désastreuses qui les ont accompagnées. Les photos de phoques et d’oiseaux aquatiques englués dans du fioul ont fait le tour de la planète. La quantité d’hydrocarbures déversées lors des récentes inondations peut avoir de graves conséquences. À ce jour, le CREAVES de Theux a déjà recueilli une centaine d’animaux mazoutés ou frigorifiés, et certains ont parfois dû être transférés au centre d’Ostende, le seul à être spécialisé dans ce genre de nettoyage. Un jeune castor et une femelle adulte ont ainsi été sauvés, rejoints par un troisième le 25 juillet. Trois canards colverts ont également été transférés pour être démazoutés.
De plus, les HAP, constituants du pétrole qui proviennent de sa combustion incomplète, sont connus pour augmenter les risques de cancer. Selon certaines études, l’exposition à ces substances peut altérer le développement des fonctions cardiaques, endommager l’ossature et le foie, causer la stérilité et créer des embryons non viables chez les poissons, mais aussi tuer le plancton. Pour ce qui est de la terre, les hydrocarbures peuvent y rester pendant plusieurs décennies et répandre lentement leur toxicité.
Mise en danger des habitats
Les torrents ont également détruit les habitats des animaux. Pour se protéger, la faune sauvage a également tenté de se mettre à l’abri et a quitté son lieu de vie. La vidéo d’une daine se promenant dans le village de Theux sous eau a fait le tour de l’actualité, tout comme les images de poissons qui ont été entraînés par les flots loin de leur biotope habituel.
Situation en Flandre
Si la Wallonie a subi de lourds dommages, la Flandre n’a pas été épargnée non plus. Le Démer et la Dyle ainsi que leurs affluents connaissent à présent une pénurie d’oxygène à cause du déversement des eaux usées et des déchets organiques qui ont été emportés, provoquant une mortalité croissante chez les poissons qui ont besoin de cet oxygène pour survivre. Si la situation semble évoluer favorablement, les cours d’eau sont à présent surveillés 24h sur 24 par les services de gestion des eaux flamands. Pour pallier le manque d’oxygène, le Département Nature et Forêts (ANB) et la Société flamande de l’environnement (VMM) en injectent dans les cours d’eau concernés afin de faire remonter les valeurs et de permettre à la vie de se développer à nouveau dans nos rivières.
La Dyle sortie de son lit
Perspectives d’avenir
Malheureusement, ce genre de situations pourrait se reproduire à l’avenir. Le GIEC (le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) prévoyait déjà dans son premier rapport de 1990 que les changements climatiques accentueraient les sécheresses prolongées et les averses abondantes. Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du groupe, a d’ailleurs expliqué que le réchauffement de l’atmosphère et les pluies étaient liés, car un air plus chaud contient plus d’eau évaporée, qui va se condenser et retomber sous forme d’averses. De plus, l’urbanisation n’arrange pas les choses, car le sol recouvert de béton, moins perméable, n’est plus en mesure d’absorber la majorité de l’eau déversée. Seule solution ? Se préparer en restaurant au mieux la nature, comme l’explique cet article du WWF. Les zones humides, les forêts, les haies et les berges naturelles peuvent nous aider à contenir l’excès d’eau si ce genre d’événements venait à se reproduire.