Hibou des marais
L'hiver, saison parfaite pour observer les hiboux et les chouettes
Tout le monde connaît le hululement lugubre de la chouette hulotte, mais il est plus difficile de l'apercevoir, d'autant plus qu'elle s'est spécialisée dans l'art du camouflage à l'instar de ses congénères. Nos astuces et conseils ci-dessous faciliteront votre recherche.
1. Optez pour un horaire adapté à leur mode de vie
L'hiver est la saison parfaite pour observer chouettes et hiboux. Ils se mettront bientôt en quête d'un.e partenaire à l'aide de leur hululement mystérieux – qui peut être différent de celui que nous connaissons. Leur cri leur permet également de délimiter leur territoire.
La plupart des strigidés de nos régions chassent au crépuscule ou pendant la nuit, mais certaines espèces telles que le hibou des marais et la chouette chevêche volent aussi en journée. Leur anatomie leur permet de fondre sur leurs proies sans les manquer. Leurs oreilles asymétriques, leur front aplati, leur cou élastique et leur vue étonnante sont de vrais atouts pour attraper leur nourriture. La couleur des yeux des strigidés varie en fonction de l'espèce. On pensait autrefois que cette couleur avait un rapport avec leur mode de vie : les yeux jaunes auraient été réservés aux animaux diurnes, l'orange était associé au crépuscule et les chasseurs nocturnes auraient eu les yeux noirs. Cette théorie ne fonctionne pourtant pas à chaque coup.
2. Qu'est-ce qui trahit leur présence ?
Pour repérer la trace des hiboux et des chouettes, vous devez d'abord comprendre leurs besoins essentiels. Les strigidés sont des prédateurs ; ils se nourrissent de rongeurs, de petits oiseaux et d'insectes. Mieux vaut alors chercher les endroits où ces proies sont courantes, comme les fermes et les champs. Si vous recherchez une nyctale de Tengmalm ou une chouette hulotte, rendez-vous plutôt dans une forêt.
Les oiseaux tels que les geais et les merles importunent également les chouettes hulottesgrégaires à grands coups de cris pendant la journée. Contrariant pour nos chouettes, mais avantageux pour ceux qui tentent de les observer.
Hiboux moyens-ducs
3. Cherchez des pelotes de réjection
Comme les strigidés ont tendance à ne faire (littéralement) qu'une seule bouchée de leurs proies, les éléments indigestes tels que les os, le crâne, les poils et les plumes doivent ressortir de leur estomac. Ces éléments sont rassemblés en pelotes de réjection. Celles-ci se retrouvent souvent autour de l'arbre où l'oiseau s'est dissimulé. Les restes de son repas trahissent aussi sa taille. Les strigidés de grande stature comme le hibou des marais attrapent de plus grandes proies et doivent donc régurgiter des quantités plus importantes sous forme de grosses pelotes. Le nombre de pelotes de réjection présentes aux alentours peut vous aider à estimer depuis combien de temps le strigidé réside dans un arbre. Il régurgite environ 2 fois en 24 heures.
4. Des technologies bien utiles
Si vous entendez un hululement mais que vous ignorez à quel espèce il appartient, dégainez votre smartphone. Certaines applis telles que Birdnet et Smart Bird ID peuvent identifier les cris des chouettes et des hiboux. Vous pourrez ainsi déterminer à quelle espèce vous avez affaire et trouver plus facilement votre rapace. Si vous entendez par exemple une chouette effraie, vous pourrez commencer vos recherches dans les environs d'une église ou d'une ferme.
Vous pouvez également utiliser internet. Certains sites comme Observations.be indiquent où de nombreux strigidés ont été repérés récemment. Le hibou grand-duc reste toute sa vie au même endroit. Si un spécimen est repéré, il y a de grandes chances qu'il se retrouve toujours dans la même région (n'oubliez pas qu'il est déconseillé de donner la localisation exacte de certaines espèces comme le grand-duc afin d'éviter de les déranger).
Chouette effraie
5. De quel équipement avez-vous besoin ?
Les strigidés sont des as du camouflage, surtout pendant la journée. Ils veulent éviter de se faire repérer par des prédateurs et restent donc postés contre un tronc d'arbre ou sur une branche sans un bruit. Utilisez des jumelles pour scruter l'arbre de haut en bas. N'oubliez pas que si vous vous mettez en route le soir, les températures peuvent baisser drastiquement. Habillez-vous chaudement et emportez une lampe, que vous n'emploierez surtout pas pour éclairer directement les yeux des oiseaux, mais pour retrouver votre chemin en cas de besoin. Nos yeux s'adaptent suffisamment pour voir dans le noir !
6. Une chouette ou un hibou dans mon jardin ?
Si vous souhaitez accueillir des chouettes ou des hiboux dans votre jardin, vous devrez satisfaire à certaines exigences et rendre votre coin de nature plus sauvage. Un jardin trop bien entretenu où les mauvaises herbes sont bannies n'est pas agréable pour les strigidés qui, à l'instar d'autres oiseaux, ne seront pas attirés par un « désert » : laissez pousser l'herbe, les plantes adventices, plantez des arbres têtards, des haies, etc. Ce type de jardin représentera un biotope idéal pour les souris, le repas favori de nombreux rapaces. Ne coupez pas les vieux arbres afin que votre chouette puisse y construire un nid. Il est en outre important que ces arbres se trouvent à un endroit abrité. Vous pouvez aussi construire un nichoir ou en acheter un adapté aux chouettes.
Tenez compte des conseils ci-dessus, et gardez en mémoire que chercher des chouettes et des hiboux demande beaucoup de patience et une bonne dose de chance. De nombreuses espèces sont en plus considérées comme vulnérables. La création et la préservation de leurs habitats sont essentielles pour ces oiseaux, qui ne doivent être dérangés sous aucun prétexte. Espérons que l'avenir abritera plus de strigidés !