Les moustiques à malaria peuvent-ils survivre en Belgique ?
Les moustiques sont sources de démangeaisons quotidiennes, de bosses sur la peau et de nuits sans sommeil, mais ces inconvénients sont incomparables aux conséquences parfois mortelles occasionnées par certaines espèces, comme les moustiques à malaria. Ces insectes répandent des maladies qui causent des centaines de milliers de morts à travers le monde. Cette semaine, notre question était : « Quelles sont les chances de survie d'un moustique à malaria en Belgique ? »
Les moustiques sont les animaux les plus meurtriers au monde, dit-on souvent. Une seule piqûre suffit à transmettre des maladies auxquelles de nombreuses personnes succombent : la fièvre jaune, la dengue, la malaria... Les moustiques à malaria provoquent chaque année plus de 500 000 morts dans le monde.
Mais qui est ce moustique tueur ? En réalité, le « moustique à malaria » n'existe pas. Les moustiques qui peuvent transmettre le parasite responsable de la maladie appartiennent au genre « Anophèles », mais des milliers d'autres espèces vrombissent autour du globe. Vous souhaitez savoir pourquoi les moustiques piquent et comment les éviter ? Lisez cet article.
Qu'est-ce que la malaria ?
La malaria ou paludisme est une maladie infectieuse causée par des parasites. Elle peut infecter notre corps par le biais de piqûres de moustiques (entre autres). Les moustiques à malaria ne sont donc pas la cause de la maladie, mais les vecteurs de ce parasite.
La fièvre des marais
Au XVIe siècle, nos moustiques indigènes transmettaient la malaria dans nos contrées. Les moustiques à malaria étaient régulièrement repérés en Europe occidentale jusqu'au milieu du XXe siècle, surtout dans les pays méditerranéens. Et ce n'est pas un hasard si Anopheles atroparvus s'épanouissait dans les régions côtières. Ce moustique se reproduit de préférence en eaux saumâtres. Les marécages qui s'étendent dans nos polders étaient donc idéaux pour sa survie. Chez nous, la malaria était même connue sous le nom de fièvre des marais.
Les terres intérieures n'étaient pas exemptes de malaria, mais étaient moins touchées et le parasite était transmis par une autre espèce de moustique. Anopheles messae vivait aux alentours des marais d'eau douce et des rivières, et était surtout friand de sang de bœuf. Il ne se dirigeait vers les hommes que lorsque la région était trop pauvre en bétail. De plus, ce moustique à malaria souffrait de la concurrence d'autres moustiques qui se reproduisaient également en eau douce et ne transmettaient pas la maladie. En Wallonie, les moustiques à malaria étaient rarissimes.
Le paludisme a donc sévi en Belgique, mais pas pour longtemps. Les moustiques responsables de sa transmission ont disparu – de même que la maladie – avant la seconde moitié du XXe siècle, bien avant que le paludisme ne représente une épidémie grave ou que les scientifiques ne développent des médicaments pour combattre le parasite. Le drainage des polders a fait perdre du terrain aux moustiques concernés. L'augmentation des pesticides et la pollution de l'eau au siècle dernier ont également joué un rôle dans la disparition des moustiques à malaria dans notre pays.
Quelles sont les chances de survie des moustiques à malaria ?
Aujourd'hui, des moustiques exotiques capables de transmettre la malaria atterrissent encore dans notre pays via le tourisme et le commerce avec les pays méridionaux, et certains moustiques indigènes peuvent aussi répandre la maladie selon une étude. Cette carte du Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC) montre par exemple qu'Anopheles maculipennis complex est présent en Belgique. Ce moustique n'est heureusement dangereux que lorsqu'il suce le sang d'une personne infectée et qu'il pique ensuite quelqu'un d'autre.
Les chances de survie des moustiques exogènes ne sont en outre pas très élevées sous nos latitudes. Ils ne peuvent survivre dans les régions très froides. Malheureusement, notre climat de plus en plus tempéré à cause du réchauffement climatique risque d'augmenter les chances que ces moustiques tropicaux s'installent chez nous. Cependant, ils se développeraient bien plus difficilement et plus lentement que dans leurs régions d'origine. De plus, les scientifiques repèreraient directement les moustiques exotiques et les étudieraient afin de ne pas laisser des maladies tropicales se répandre. En principe, les moustiques à malaria peuvent donc (sur)vivre en Belgique, mais nous avons peu de risques qu'une épidémie de malaria éclate. Ouf !