Les formations d'arboristes ont le vent en poupe
De plus en plus de gens changent de carrière pour se tourner vers un métier en lien avec la nature. Ces dernières années, les formations d'arboristes professionnels ont connu un véritable boom, et cette tendance a l'air de se confirmer avec la crise sanitaire, pendant laquelle de nombreux employés et indépendants ont décidé de changer d'orientation. Le Covid a-t-il vraiment joué un rôle dans cette augmentation ? Nous ne le saurons qu'une fois la crise terminée.
Les arbres sont des organismes fascinants : enrichissants pour la biodiversité, essentiels pour notre planète et incontournables pour notre bien-être. Ils méritent donc les meilleurs soins, par exemple grâce à un arboriste, parfois appelé « chirurgien des arbres ». Les arboristes tentent de restaurer le cycle naturel des arbres de manière à ce que leur cohabitation avec les gens se passe au mieux. Cette carrière fascinante et variée offre un environnement de travail bien différent des bureaux et administrations, car être à l'aise au grand air fait partie des prérequis du job.
Définition du poste d'arboriste
Yves de Roder, coordinateur de la formation d'arboriste professionnel chez Inverde, fait ce job depuis plus de vingt ans. Il rappelle qu'il est important de faire une différence entre les arbres en forêt et les autres. Les arbres dans une forêt sont dans leur biotope naturel et n'ont pas vraiment besoin de soins – du moins quand il s'agit d'une forêt privée. En revanche, les arboristes interviennent si besoin en-dehors des forêts : en milieu urbain, dans les jardins ou les parcs.
Une fois que cette différenciation est claire, il nous explique les implications du métier et pourquoi les arbres en milieu urbain ont tant besoin d'attention : « Tout d'abord pour une raison de sécurité. Quand des branches tombent dans un bois, ce n'est pas vraiment dangereux. Mais si cela arrive dans une rue ou un jardin, on peut se trouver face à un vrai problème. De plus, les arbres en milieu urbain ont besoin de plus d'attention car ils ne se trouvent pas dans leur milieu naturel. Nous voulons nous rapprocher de la nature dans les villes et les jardins, mais les arbres n'y poussent pas en conditions naturelles (pas de lisière, beaucoup de fréquentation...). Les arbres hors des forêts ont donc besoin d'être surveillés et leur environnement doit être au point : il doit disposer d'une taille suffisante pour permettre aux racines de se développer normalement (l'une des règles d'or est de compter 1m3 de racines par année de vie), l'arbre doit avoir un substrat adapté, de l'eau, de la lumière, un sol en bonne santé...»
Les soins aux arbres doivent être réfléchis et précautionneux. Les arboristes se concentrent sur la santé biologique. « Le ''système digestif'' des arbres est un écosystème complexe qui décompose les matières organiques en éléments nutritifs. Il se trouve sous le sol, ce qui le rend particulièrement vulnérable. Le sol est très important pour les arbres. Ils ont besoin de bonnes conditions et ce n'est pas toujours le cas dans une rue ou un jardin, contrairement aux forêts. »
En plus de problèmes de santé, les arbres peuvent aussi connaître des problèmes structurels, comme un risque de casse ou un déracinement. Les arboristes se concentrent alors sur la cime : « Quand nous sommes face à des difficultés structurelles, nous devons analyser la cime et il nous faut parfois alléger la charge en éliminant des grosses branches ou en prodiguant un point d'enracinement afin d'éviter des dégâts. Mais ces tâches sont risquées : en élaguant, on occasionne toujours des dommages. On peut par exemple déséquilibrer l'arbre, perturber sa croissance, déranger ses réactions naturelles ou même le faire pourrir. Un arbre contient des parties vivantes et mortes. Grâce à notre intervention sur les parties vivantes – les 2 à 4 cm les plus extérieurs du bois – nous limitons les dégâts des champignons ou de la moisissure sur le reste de l'arbre. Mais ce n'est pas possible pour la partie morte. Quand des branches trop grosses sont élaguées, cela peut causer des problèmes supplémentaires sur le long terme car le bois n'est plus capable de se protéger de la pourriture ou des champignons. »
La formation d'arboriste professionnel
Pour devenir un as de la profession, vous aurez besoin d'un bagage théorique et pratique, que vous pourrez acquérir pendant une formation. « La théorie pure consiste en 1/3 de la formation. Vous y apprendrez non seulement à différencier les essences et leur environnement, mais connaîtrez aussi leur anatomie et la physiologie d'un arbre. Un futur professionnel doit absolument connaître les effets d'une intervention sur un arbre. »
Ensuite, la partie pratique est incontournable : « Les arboristes doivent maîtriser certaines compétences essentielles. La pratique est composée de deux facettes : l'élagage et l'abattage d'un côté, et les soins du sol d'un autre côté. Les arbres qui doivent être abattus sont généralement instables ou trop durement touchés, ce qui rend l'action très complexe. Un abattage est toujours la dernière option envisagée. Nous essayons d'abord de garder l'arbre en bonne santé, et cela commence avec des soins apportés au sol en recréant des conditions semblables à celles que l'on trouve en forêt. Il ne faut en aucun cas tenter d'adapter un arbre à notre environnement, mais partir des besoins des arbres ; ce sont eux nos clients. »
Un intérêt croissant pour la profession
De plus en plus de gens se tournent vers une profession en lien avec la nature. Yves remarque également que la formation semble devenir de plus en plus attractive. « En ce moment, nous proposons trois formations par an qui comptent environ dix-huit élèves chacune, une bonne moyenne qui permet de diplômer plus de 50 professionnels. Mais tous ne travaillent pas tout de suite dans le secteur. Environ 1/3 deviennent arboristes, souvent en tant qu'indépendants. D'autres se tournent vers autre chose, et ce n'est pas plus mal pour autant. Les jardiniers et paysagistes doivent aussi bien connaître les arbres, par exemple. » Les élèves viennent souvent de milieux très diversifiés. Certains sont déjà dans un métier en lien avec la nature et veulent se perfectionner, mais d'autres ont eu une expérience bien différente. «J'ai déjà accueilli quelqu'un qui travaillait dans une bibliothèque et des informaticiens qui voulaient troquer leur bureau contre un job en plein air », raconte Yves.
Comment voir si un arbre est endommagé ?
L'indicateur le plus important qu'un arbre est stable est sa croissance. Un arbre isolé ne sera jamais aussi grand qu'un arbre qui pousse dans un bois, mais un spécimen qui ne pousse pas du tout a un problème. Souvent, le sol et son environnement jouent un rôle. Si planter un arbre semble simple, il faut pourtant prendre en compte plusieurs paramètres. Retenez qu'il ne faut pas le planter trop profondément dans le sol et que vous devez vous assurer qu'il a assez de place pour pousser.