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Les espèces parapluies assurent la biodiversité

Loutre, busard cendré et butor étoilé ne sont que quelques-unes des espèces pour lesquelles des mesures de protection exceptionnelles sont créées. Elles sont appelées « espèces parapluies », car la protection dont elles bénéficient s'étend à toute la faune et la flore alentour.

Pourquoi ? Parce que par définition, une espèce parapluie dispose d'un grand territoire dans lequel se rencontrent divers biotopes qui interagissent. Comme elles ont des exigences spécifiques pour chacun de ces biotopes, elles sont particulièrement sensibles aux menaces. Une espèce parapluie est donc un genre d'ambassadeur de la biodiversité d'une région qui pointe du doigt les nombreux problèmes de son habitat – problèmes auxquels sont confrontés d'autres espèces.

Il existe pourtant beaucoup d'incompréhension quant à ce terme. A l'origine, il servait à ouvrir les yeux du grand public par rapport à la problématique de la biodiversité, bien abstraite. Il a ainsi été utilisé comme base pour la restauration et la protection de la nature à grande échelle. Grâce à l'arrivée de certaines espèces qualifiées de « parapluies » sous le feu des projecteurs, d'autres organismes moins prisés du public ont également reçu le soutien dont ils avaient besoin.

La loutre, le tigre de la nature belge

Les espèces parapluies sont souvent des super-prédateurs, c'est-à-dire des animaux qui occupent le maillon supérieur de la chaîne alimentaire, qui ont besoin d'un grand territoire et d'une diversité certaine de proies. Pour soutenir une espèce, l'attirer à nouveau dans un habitat donné ou maintenir les populations, il faut que les proies (et les sources de nourriture) soient à son goût. Attirer l'attention sur l'espèce parapluie n'est donc pas suffisant : tout son écosystème doit bénéficier d'une bonne protection.

Au niveau mondial, les campagnes liées aux espèces parapluies les plus connues se concentrent sur le tigre et le rhinocéros. Chez nous, la loutre fait office d'invité d'honneur pour lequel aucun effort n'est de trop. Elle nécessite un habitat de grande taille comportant de l'eau claire et poissonneuse. Cette dernière doit être de bonne qualité et offrir suffisamment de refuges. De plus, les berges doivent être sûres et naturellement reliées entre elles. Les efforts fournis pour attirer à nouveau les loutres en Belgique ont également eu un effet spectaculaire sur nombre de poissons, plantes aquatiques, libellules et oiseaux des marais.

Loutre

Super-prédateur ne signifie pas super-protection

Cependant, une remarque importante est à souligner. On suppose souvent trop vite que la présence d'une espèce parapluie aura automatiquement des répercussions positives sur toutes les autres espèces de son habitat, mais ce n'est pas toujours le cas. Prenons par exemple le récent retour du loup dans le Bosland. Sa présence est synonyme d'un plus grand nombre de charognes, raison pour laquelle le grand corbeau est lui aussi revenu. Le loup a donc bien eu un impact positif sur la biodiversité localemais la grenouille des champs et l'agreste, qui vivent dans la même région, n'ont aucun rapport avec le loup. Pour ces espèces dont le nombre d'individus est critique, des mesures supplémentaires sont à souhaiter pour que leurs besoins soient satisfaits. Si l'on se base sur la définition stricte d'une espèce parapluie, certaines autres espèces intéressantes sont mises de côté. Il est donc bien insuffisant de ne prendre des mesures que pour l'espèce parapluie sans prêter attention aux autres espèces qui partagent le même habitat.

Une espèce parapluie n'est pas une espèce clé de voûte

Il est clair que le terme « espèce parapluie » a une plus grande valeur sur le plan de la communication que sur le plan scientifique. C'est par contre le cas des notions comme « espèce clé de voûte » et « espèce indicatrice », souvent confondues avec les espèces parapluies. 

  • Espèce clé de voûtes : espèce aux fonctions essentielles au sein d'un écosystème. Ces fonctions ne peuvent pas être remplies par une autre espèce. C'est le cas du castor, car il modifie la structure des berges, ou du ver de terre, qui favorise la bonne santé du sol.
  • Espèce indicatrice : espèce dont la présence indique la qualité d'un écosystème. Le pic noir est par exemple uniquement présent dans les forêts bien développées à la structure riche, et la thécla de l'yeuse ne se trouve que dans les lisières en bonne santé.

Les espèces parapluies sont donc bien primordiales pour la communication à grande échelle, car elles entraînent la création de mesures de protection qui bénéficient à d'autres espèces. Elles forment une sorte de modèle pour dessiner les plans de restauration de la nature à grande échelle et pour permettre une meilleure compréhension du public. Il ne faut donc pas perdre de vue l'ensemble ; il est indispensable que les espèces qui attirent moins l'attention reçoivent aussi leur part de visibilité.

Nos remerciements à Floris Verhaeghe et Bernard Van Elegem du Département de la Nature et des Forêts de Flandre.

Butor étoilé

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