Comment devenir un arbre après la mort?
Cimetières naturels, humusation... Il existe plusieurs manières de ne faire qu'un avec la nature après notre mort. Cet article semble peut-être inattendu sur le site de Notre Nature, mais la mort est inévitable et savoir que l'on peut rester en harmonie avec la nature une fois notre vie terminée peut être rassurant, surtout quand nous avons consacré toute notre existence à sa préservation.
Que devient notre corps après la mort ?
Ce qui se passe après la mort reste un mystère, mais nous savons par contre ce qui arrive à notre corps. Tu es poussière et tu redeviendras poussière : cette phrase peut être prise au pied de la lettre. Le processus de décomposition commence dès le décès et la nature ne fait que poursuivre ce qui a déjà commencé. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les vers ne font pas partie de ce processus naturel. Les corps sont inhumés trop profondément pour attirer ces insectes – si du moins vous respectez les lois et les enterrez à 1,5 m de profondeur. La réalité est plus complexe à imaginer, car ce sont principalement l'oxygène et les bactéries qui décomposent les organismes pour les assimiler à la terre. Pourtant, les insectes ont un impact indirect. Leurs mouvements aèrent le sol et participent ainsi au processus de décomposition. Après environ un an, le cercueil se désagrège mais notre corps mettra dix ans à subir le même sort pour ne laisser place qu'à notre squelette.
Cimetières verts
Pendant que notre corps se consume doucement, certaines espèces végétales fleurissent dans les cimetières. Il existe ainsi plusieurs plantes sauvages qui poussent presqu'exclusivement dans les cimetières alors qu'elles s'épanouissaient autrefois dans les champs. En rendant hommage à leurs proches, les villageois transportaient des graines et semences via les semelles de leurs chaussures. Si les plantes n'ont plus leur place dans les terres agricoles, elles ont trouvé un nouvel abri sur les tombes. Les exemples les plus fréquents sont la véronique luisante, le pavot argémone, l'euphorbe fluette et l'holostée en ombelle.
En 2015, la Wallonie a interdit l'usage de pesticides dans les cimetières. Grâce à cette mesure, ceux-ci sont plus verts et accueillent la faune et la flore sauvages, leur donnant plus de chances de survie.
Alternative écologique : les arbres et la dispersion
En plus de végétaliser les cimetières, il est possible d'aller encore plus loin. Ces dernières années, de nouvelles alternatives ont vu le jour pour nous rapprocher de la nature. En 2015, trois passionnés ont créé la fondation « Arbres du Souvenir ». Leur but ? Offrir un choix plus vert aux citoyens qui souhaitent se rapprocher de la nature après leur décès. L'ASBL propose ainsi aux particuliers de disperser ou d'inhumer les cendres de leurs défunts sur leur propriété, dans la forêt de Soleilmont (Fleurus, Hainaut). Le domaine comprend des sentiers de promenades et est garni de nombreux arbres et fleurs comme des mélèzes, des jacinthes ou encore des anémones. Si vous souhaitez tout de même opter pour une sépulture plus traditionnelle, il est possible d'apposer une plaquette sur un arbre en la mémoire de vos proches disparus ou même d'acheter un arbre en leur nom.
Malheureusement, ce genre d'initiatives est encore rare en Wallonie, et à peine plus courant dans le nord de notre pays. La législation autorise cependant à enterrer ou disperser les cendres des défunts sur une propriété privée (par ex. un jardin familial) si celles-ci ont été recueillies dans une urne biodégradable. Certaines sont même conçues pour transformer les cendres en arbre. Il est aussi possible de laisser l'urne se dissoudre dans la mer du Nord, permettant aux Belges qui le souhaitent de choisir les eaux territoriales comme dernière demeure.
Perspectives d'avenir : la promession et l'humusation
Les obsèques ne font malheureusement pas beaucoup de bien à notre nature. Entre la pollution des nappes phréatiques en cas d'enterrement et le taux de CO2 relâché si le corps est incinéré, le choix reste difficile si l'on veut rester écolo. Et un choix avisé commence par le cercueil : saviez-vous qu'il était possible d'opter pour un cercueil entièrement en bois, en osier, en carton ou même un simple linceul ? Ces matières sont en effet beaucoup plus faciles à décomposer. Si vos proches préfèrent l'incinération, les urnes peuvent aussi être choisies en matériaux recyclables (et recyclés !) comme le bois ou l'argile. Autre aspect que l'on oublie souvent : le transport. Vous avez le droit de demander que celui-ci soit réalisé dans une sorte de carrosse tiré par des chevaux, et nos voisins du nord proposent également d'emmener les dépouilles à vélo.
Chez nos voisins, il est possible de recourir à d'autres techniques que les éternelles crémations ou inhumations. Une forme d'obsèques qui a le vent en poupe est l'humusation. Le principe ? Les objets non biodégradables sont retirés des corps trois mois après l'inhumation, qui a lieu uniquement dans un linceul et sans procédé chimique. A ce moment, les os sont broyés et mélangés à du compost pour enrichir la terre. Hyper écologique ! Du moins, c'est ce l'on pourrait penser à première vue... Sauf qu'une étude récente de l'UCLouvain a démontré que les corps mettaient plus de temps à se décomposer et relâchaient des substances nocives et polluantes telles que de l'ammoniaque ou des savons imputrescibles. En bref : il faudra attendre encore un peu avant qu'une solution soit trouvée à ces inconvénients et que la Wallonie autorise ce procédé.
Une autre pratique qui pourrait être un jour intégrée est la promession. Développée en Suède, cette technique transforme le corps en particules fines en le plongeant dans de l'azote liquide. Une fois le corps refroidi, il peut être brisé en minuscules morceaux à l'aide d'une table vibrante et être inhumé ou déposé dans un crématorium. Si elle est encore interdite chez nous, cette technique a d'ores et déjà des adeptes au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et en Corée. Dernière alternative qui pourrait voir le jour à terme dans notre pays : l'aquamation. Il s'agit d'une alternative à l'incinération, où le corps est plongé dans une solution alcaline plutôt que d'être brûlé. Autorisée au Pays-Bas, il se peut qu'elle devienne un choix possible d'ici quelques années en Belgique.
Chaque fin est un nouveau commencement
Si l'idée de la mort est angoissante pour nombre d'entre nous, il est rassurant de savoir que notre vie peut se terminer de manière durable grâce aux cimetières naturels. De plus, nous pouvons offrir notre vie à la nature et nos proches peuvent nous rendre visite dans un joli bois plein de quiétude au lieu de se rendre dans un cimetière gris et sombre.
