Le plus vieil arbre du Limbourg se porte à merveille
L’équipe de tournage de Notre Nature a récemment atterri au pied du chêne millénaire de Lummen. Cet arbre spécial a l’habitude d’être mis à l’honneur : voilà des siècles qu’il excite l’imagination de ses amis et de ses ennemis.
Le « Gros Chêne » est même si célèbre qu’il est inscrit dans le club très sélect ‘Arbres du Monde’. Ce statut est réservé aux vieux arbres flamands et néerlandais, qui demandent une protection supplémentaire en raison de leur importance sociale.
Exécutions et incendies criminels
Koen Luts peut parler des heures sur la façon dont l’arbre écrit l’histoire depuis des siècles. Il a donc été nommé parrain du chêne et a même écrit un livre sur son arbre préféré. « Depuis la fin des années 1970, je collectionne tout ce que je peux trouver sur l’histoire fascinante de cet arbre. J’ai des cartes postales représentant le chêne qui ont plus de 100 ans et j’ai reçu un document du début du 17ème siècle qui parle d’une décapitation effectuée au pied de l’arbre. »
Écrits de 1609 (Archives Hasselt, photo Ria Lemmens)
Des touristes viennent de loin pour visiter cet endroit mémorable. Ce qui n’était pas pour plaire à l’agriculteur dont les terres environnantes se faisaient régulièrement piétiner par les visiteurs curieux. En 1967, il mit le feu à l’arbre en espérant avoir la paix. « Les pompiers de Hasselt ont mis deux jours à l’éteindre », explique Luts. « Mais heureusement, notre chêne s’est révélé être un véritable survivant qui continuera à nous impressionner ».
Un vrai vétéran
Un cœur creux n’est pas forcément une mauvaise chose. La plupart des arbres vétérans doivent y faire face à partir d’un certain âge. Personne ne sait exactement quel âge a le Gros Chêne. Piet Ruytjens, la personne responsable de sa protection peut néanmoins compter sur certains indices : « Il y a quelques années, des experts britanniques sont venus examiner l’arbre en profondeur. Il n’a pas été possible de compter les anneaux relatifs aux années, vu qu’il n’y a plus de cœur, mais ils ont entre autres examiné sa forme, sa constitution et sa santé.
Ces experts ont estimé l’âge de l’arbre entre 700 et 750 ans. Cela veut dire que chaque année, ici à Lummen, nous exagérons un peu moins quand nous parlons de notre chêne millénaire », rigole Ruytjens. Le chêne millénaire compte quelques caractéristiques typiques d’un vieil arbre. Par exemple, son bois de cœur a pourri. Luts se souvient qu’il y a vingt ans, 4 personnes entraient facilement dans l’arbre creux. « Heureusement, ce n’est plus possible aujourd’hui, une clôture garantit que l’arbre n’aura pas à souffrir davantage. »
Ajoutez quelques centaines d’années de plus !
Aujourd’hui, diverses institutions unissent leurs forces pour permettre à l’arbre de se rapprocher du cap des 1000 ans. En 1973, la commune de Lummen acheta la parcelle de forêt au baron de l’époque André De Moffarts. Natuurpunt a ensuite agrandi le site en y ajoutant deux parcelles. Une clôture empêche maintenant les passants de marcher sur les racines fragiles. Si ce chêne a atteint cet âge vénérable, c’est à cause de plusieurs facteurs. Ruytjens : « Les plus importants sont liés aux gens, mais aussi aux coïncidences. Parce que personne ne l’a abattu pendant toutes ces années et qu’il a eu la chance de ne jamais être déraciné par le vent. »
Vieux et pourtant vulnérable
Que l’arbre soit devenu si vieux ne résulte donc pas nécessairement de sa forte constitution, bien au contraire. « À vrai dire, le sol sur lequel il pousse n’est pas idéal », déclare Luts. « L’arbre repose sur un banc de sable composé de grès ferreux vieux de cinq millions d’années. Pour lui donner un coup de pouce, la couche pétrifiée a été brisée en 1989 et des engrais ont été ajoutés. »
« Nous essayons également d’augmenter les chances de survie de notre chêne millénaire par d’autres moyens », a ajouté Ruytjens. « Comme l’arbre est creux, les branches se cassent plus rapidement. L’élagage contrôlé des branches pleines et lourdes rapproche le centre de gravité du tronc. En agissant de cette manière, nous réduisons encore un peu la possibilité de voir l’arbre se coucher. »
Rêver pour l’avenir
Le gros arbre n’est pas seulement important pour les êtres humains. Plus de 500 espèces d’organismes différents vivent dans et autour d’un chêne. Le plus grand habitant est probablement un hibou des bois, qui construit son nid dans la cime. Mais les fourmis y nourrissent également leurs pucerons, les souris y cherchent des glands et les lucanes cerf-volant pondent leurs œufs dans le bois du chêne en décomposition. Quand un chêne de ce format disparaît, c’est un biotope unique pour des milliers, voire des millions d’habitants du chêne qui disparaît.
Le grand rêve de Luts est que le chêne puisse vivre encore des siècles. Littéralement, mais peut-être aussi au sens figuré. « Ce serait bien d’avoir une numérisation 3D de l’arbre. S’il jamais il venait à mourir, il pourrait malgré tout continuer à exister sous la forme d’une impression grandeur nature de lui-même. À placer sur le marché de Lummen, par exemple, qui sait ! »