Troglodyte mignon
Ce petit oiseau très présent dans nos jardins mérite bien son nom : sa taille le rend en effet mignon ! Avec sa silhouette miniature, son plumage plutôt terne et sa queue frétillante à l’allure princière, cet oiseau ne semble pas avoir la folie des grandeurs ! Pourrait-il cependant avoir des tendances mégalomanes ? Ou va-t-il nous conquérir par la force de son chant ?
Reconnaître le troglodyte mignon
(Troglodytes troglodytes)
Notre troglodyte mignon national a de nombreux cousins éloignés sur la continent américain mais est la seule espèce endémique en Europe. Tous les membres de la famille partagent un point commun : une queue frétillante qui leur donne un air malicieux. Ce petit oiseau aime nicher près du sol dans des fourrés épais. Le troglodyte mignon se reconnaît entre mille :
- il mesure environ 10 cm de long (soit moins qu’un moineau)
- il affiche un plumage de camouflage brun avec une ligne beige au niveau des sourcils
- son bec est pointu et ses pattes sont fines
- sa queue est courte et bouge rapidement de haut en bas, ce qui lui donne un air nerveux
- sa voix est forte et son chant très reconnaissable se termine par un trémolo
- il bat vivement des ailes quand il vole et émet une sorte de bourdonnement
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Le troglodyte mignon est un amateur d’insectes qui remplit son assiette d’arthropodes (araignées, petites chenilles, larves, insectes…) qu’il repère depuis sa station près du sol. Il peut aussi se contenter de petites graines. Son bec fin lui permet d’extraire des friandises hors de minuscules interstices comme celles présentes dans l’écorce d’une souche d’arbre. L’hiver, la recherche de nourriture est un véritable défi : les chances de survie du troglodyte mignon se trouvent réduites si les gelées se prolongent trop.
Habitat
Caché dans les fourrés, le troglodyte mignon se sent comme un poisson dans l’eau. Il trouve souvent l’habitat idéal dans les forêts de feuillus et les forêts mixtes présentant des sous-bois denses. Un sol bien humidifié attire les insectes, et par conséquent notre petit oiseau. Les haies, si elles font partie d’un jardin naturel, sont aussi à son goût. Quand un environnement urbain compte suffisamment de parcelles naturelles, le troglodyte mignon peut aussi montrer son bec.
Le troglodyte mignon est un oiseau sédentaire : ces petits nicheurs restent chez nous pour passer l’hiver. Les spécimens vivant dans les régions situées plus au nord migrent durant la mauvaise saison et atterrissent dans notre pays. Ils peuvent pour cela parcourir jusqu’à 2 800 km, une distance impressionnante pour un oiseau aux ailes si petites.
Le troglodyte mignon et l’amour
Lorsqu’il revient dans sa zone de nidification ou durant la seconde moitié de l’hiver, le mâle part à la recherche d’un territoire. Il construit cinq ou six nids ingénieux qui ressemblent à de petites sculptures ovales faites de mousse, de feuilles et de végétaux séchés. Ces constructions sont situées sur le sol ou à faible hauteur. Ce mode de vie a d’ailleurs valu son nom au troglodyte, car ce terme désigne un « habitant des cavernes ».
Entre la mi-avril et le mois de juin, les femelles choisissent le nid qu’elles préfèrent et s’occupent de la décoration d‘intérieur. Elles créent un lit douillet à partir de mousse, de poils et de plumes et y pondent de 5 à 7 œufs. Les autres nids seront utilisés en cas de deuxième ponte ou par une autre femelle séduite par le mâle pendant que la mère de sa première couvée s’occupe des petits. Pas étonnant que les femelles se tournent parfois vers un autre mâle pour féconder leur seconde couvée de l’année…
Les œufs éclosent après une quinzaine de jours. Les oisillons restent dans le nid pendant 15 à 19 jours et sont encore nourris par leurs parents pendant deux semaines supplémentaires.
Relation avec l’homme
Même si le troglodyte mignon est difficile à apercevoir, son superbe chant envoûte facilement les environs et fait de lui un invité de marque dans les parcs et jardins. Vu que les hivers trop rudes peuvent décimer des populations entières de troglodytes mignons, leur nombre est soumis à de fortes variations pendant cette saison, bien que les hivers plus doux semblent actuellement devenir la norme.
Quand les gelées se prolongent, vous pouvez aider ce passereau à subsister en lui fournissant des vers de farine séchés. Placez-les de préférence au sol, dans des endroits bien à l’abri des intempéries et des prédateurs où cet oiseau timide osera se montrer. Les miettes de pain, les flocons d’avoine et la nourriture pour oiseaux présentent aussi de bonnes alternatives. Si vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez rendre votre jardin plus « sauvage » pour augmenter le nombre de nids potentiels. Un tas de branches ou des plantes grimpantes non taillées sont parfaits pour accueillir les futurs troglodytes. Ne soyez cependant pas surpris si le petit couple s’installe ailleurs : ces oiseaux sont réputés pour bâtir leurs nids aux endroits les plus incongrus.
Saviez-vous que le troglodyte mignon…
- ne pèse que 8 à 9 grammes ? C’est à peu près le poids d’une pièce de 2 euros !
- doit son nom à son habitat si particulier ? En architecture, les habitations troglodytes désignent les maisons creusées à même la roche ou sous la terre. Ce nom renvoyait à la base à un peuple d’Afrique du Nord, parfois décrit comme une population mythologique d’hommes des cavernes.
- a un nom très imagé dans plusieurs langues ? En néerlandais, il est appelé « winterkoning », qui signifie « roi de l’hiver » et il revêt le nom de « tômke », « petit poucet » en frison. Il a aussi longtemps été appelé « Schneekönig », « roi de la neige » en allemand.
- se colle à ses semblables lorsqu’il fait très froid afin d’emmagasiner de la chaleur ?