Sépiole d'Atlantique
La petite et timide sépiole d'Atlantique est en réalité pleine de surprises et mériterait d'être surnommée « le stylo marin », « le caméléon des mers » ou « la lanterne de la mer du Nord ». À l'instar de toutes les autres seiches et des pieuvres, ce petit mollusque appartient à la classe des céphalopodes : un bref coup d'œil sur la sépiole est suffisant pour voir la ressemblance. Lisez ici tout ce que l'on sait sur ce petit animal mystérieux !
Reconnaître la sépiole d'Atlantique
Sepiola atlantica
Même si elles ne sont pas très rares, les sépioles d'Atlantique font battre le cœur de nombreux plongeurs grâce à leur physique si spécial qui leur confère un air très mignon. Voici comment reconnaître la sépiole d'Atlantique :
- elle est petite et mesure max. 5 cm
- elle semble pataude et la forme de son corps rappelle un sac
- elle est de couleur laiteuse, transparente, et présente de nombreuses cellules pigmentaires jaunes ou brunes (chromatophores)
- sa face supérieure est souvent plus foncée que sa face inférieure (ombre inversée)
- elle présente 10 tentacules rassemblés autour de sa bouche : 2 longs (préhensiles) et 8 bras plus courts
- ses tentacules préhensiles se terminent par des ventouses
- chacun de ses tentacules contiennent 2 à 8 ventouses
- l'un des tentacules du mâle est rainuré (hectocotyle ou bras copulateur)
- elle possède une paire de nageoires rondes en forme d'oreilles
- elle a de grands yeux
- elle n'a pas de squelette mais une sorte de carapace chitineuse appelée « gladius »
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Pendant la journée, la sépiole d'Atlantique se dissimule dans les fonds marins sableux. Elle se protège ainsi des prédateurs et des gros poissons. Le soir, elle sort de sa cachette et part à la chasse. Elle attrape généralement ses proies en leur tendant une embuscade et s'enfouit dans le sol ; seuls ses yeux dépassent. Elle attend ensuite que de petits crustacés ou poissons naïfs se présentent avant de les agripper rapidement à l'aide de ses tentacules préhensiles. Elle porte ensuite ses victimes à sa bouche et les déchire de son bec, qui rappelle celui du perroquet, avant de les avaler.
Habitat
La sépiole d'Atlantique n'est pas rare. Sa zone de répartition s'étend depuis la Norvège et couvre toutes les côtes de l'Europe occidentale jusqu'au Maroc. Elle vit donc dans la mer du Nord, où elle peut être repérée par les plongeurs ou retrouvée échouée sur la plage. Elle occupe les eaux côtières peu profondes (jusqu'à 90 mètres) où elle s'enfouit dans le sable ou se pose sur les fonds marins. Les sépioles d'Atlantique sont plus souvent repérées en grand nombre pendant l'été, car elles se retirent vers les eaux plus profondes pendant l'hiver.
La sépiole d'Atlantique et l'amour
Les mâles se reconnaissent à leur bras copulateur ou hectocotyle qui présente une rainure où leur sperme est rassemblé. Le mâle possède en outre de plus grosses ventouses sur les tentacules qui lui permettent de mieux agripper la femelle et de se glisser sur son dos. Il introduit ensuite son hectocotyle et son sperme dans la cavité de la femelle. Cette rencontre est tout sauf romantique : pendant que le mâle tente de garder sa prise, la femelle se débat furieusement pour se libérer. Le couple maintient cette pose jusqu'à 80 minutes et se laisse couler vers le fond. Les ovules de la femelle sont fécondés de l'intérieur par le sperme du mâle ; des œufs de 3 mm se forment ensuite en grappes incolores. Une seule grappe peut contenir jusqu'à 50 œufs. Les scientifiques pensent que les femelles meurent après la ponte et que les mâles emploient leurs organes luminescents pour faire comprendre qu'ils sont prêts à s'accoupler.
Les sépioles d'Atlantique sont capables de s'accoupler toute l'année, mais la reproduction connaît un pic en avril et en juillet-août.
Relation avec l'homme
La sépiole d'Atlantique est un animal mystérieux que nous connaissons encore mal. Cette affirmation semble étrange quand on sait que ces petites seiches sont très nombreuses en mer du Nord. Pourtant, notre manque de connaissances est logique : les sépioles d'Atlantique sont loin d'être faciles à étudier. Ce sont de petits animaux spécialisés dans l'art du camouflage, qui vivent en outre sous l'eau. Heureusement, nous pouvons compter sur les chercheurs, qui peuvent attraper les sépioles à l'aide de filets spéciaux aux mailles très fines, sur les plongeurs scientifiques qui prennent des photos de l'espèce et sur les aquariums où les sépioles peuvent être conservées et étudiées.
Saviez-vous que...
- les sépioles d'Atlantique se déplaçaient en aspirant l'eau et en la « recrachant » ? Elles se positionnent à l'horizontale dans l'eau, leur dos vers le haut et leur ventre vers le bas, et crachent l'eau le long de leur face ventrale en direction de leurs tentacules. Elles se déplacent donc par à-coups et éloignent leur corps de leurs tentacules. L'eau longe d'abord leurs branchies afin que les sépioles puissent emmagasiner l'oxygène et respirer. Leurs nageoires (qui ressemblent à des oreilles) les aident à nager et bougent si vite que la sépiole ressemble parfois à un colibri sous-marin.
- les sépioles d'Atlantique projetaient des nuages d'encre si elles se sentaient menacées ? Cette encre est produite dans une poche spéciale et perturbe non seulement la vue, mais aussi l'odorat de l'assaillant.
- les sépioles d'Atlantique pouvaient changer de couleur ? Leurs chromatophores (ou cellules pigmentaires) peuvent croître très rapidement et faire changer les sépioles de couleur. Elles peuvent ainsi mieux se camoufler sur les fonds marins sableux.
- les sépioles d'Atlantique produisaient de la lumière ? Elles présentent deux organes bioluminescents (photophores) sur leur ventre et/ou leur dos où vivent des bactéries. Celles-ci sont lumineuses et illuminent le ventre des sépioles, qui s'éclaire et contraste d'autant plus avec leur dos sombre. Cette technique participe au camouflage de la sépiole d'Atlantique. Un prédateur qui tenterait d'attaquer par en-dessous serait aveuglé par notre céphalopode, car son ventre émet la même luminosité que le soleil ou la lune. Une attaque par dessus serait tout aussi difficile, car son dos, plus foncé, est difficile à apercevoir sur les fonds marins sombres. Ce phénomène s'appelle l'ombre inversée et est très courant au sein du règne animal : pensez par exemple aux pingouins et aux dauphins, dont le contraste entre le ventre (clair) et le dos (foncé) est très fort.