Noctule commune
Cette grande chauve-souris brun-roux apprécie tout particulièrement nos massifs forestiers. Les femelles sont de grandes voyageuses qui peuvent parcourir 1500 km pour rejoindre la maternité où elles sont nées avant de mettre au monde leurs petits.
Reconnaître la noctule commune
(Nyctalus noctula)
Cette chauve-souris fait partie de nos « géantes » locales. Elle n’est pourtant pas si facile à localiser, car elle préfère les forêts aux zones urbaines. Pour la reconnaître, voici à quoi vous devrez prêter attention :
- Elle mesure 6 à 9 cm de long pour 32 à 40 cm d’envergure
- Elle pèse entre 17 et 45 g
- Elle est de couleur brun-roux et son ventre est plus clair
- Les noctules juvéniles sont grises
- Elle présente un tragus (renflement devant le conduit auditif) en forme de champignon
- Ses oreilles sont larges et ont un bout arrondi
- Ses avant-bras sont poilus
- Ses ailes sont longues et étroites
Au menu
Notre grande chauve-souris est une fan inconditionnelle d’insectes. Elle sort de sa cachette au crépuscule – voire même quand il fait encore jour – et repère ses proies grâce à son puissant sonar. Elle apprécie tout particulièrement les papillons de nuit et les coléoptères. Une fois qu’elle en a repéré, elle se lance à leur poursuite, pouvant atteindre 50 km/h ! Elle vole assez haut, car elle préfère les insectes volants, et descend en piqué pour les attraper. Elle s’est adaptée à de nombreux terrains de chasse différents : forêts, plaines, milieux urbains, étendues d’eau,…
Habitat
La noctule commune préfère le calme des forêts et niche généralement dans les cavités arboricoles. Elle peut cependant parcourir jusqu’à 25 km pour chasser, et traverse donc dans ce but des paysages variés. Les noctules communes s’installent généralement aux abords de l’eau.
Les noctules communes hibernent en colonies entre novembre et mars dans les cavités arboricoles (anciens nids de pics, arbres creux) mais peuvent parfois se réfugier dans des bâtiments ou des gîtes artificiels. Les noctules utilisent le même genre de gîtes en toute saison. Quelques mois avant de mettre bas (vers avril), les femelles migrent vers le nord et l’est de l’Europe afin de rejoindre les maternités où elles sont nées et peuvent parfois parcourir plus de 1500 km. Elles reviennent ensuite quelques mois plus tard accompagnées des jeunes chauves-souris. Les mâles quant à eux, ne migrent pas. S’il est courant que les femelles se regroupent en colonies comprenant 20 à 50 individus, ces messieurs, quant à eux, vivent en petits groupes ou carrément en ermites. En hiver, en revanche, les deux sexes se rassemblent à nouveau pour hiberner en grands groupes.
La noctule commune et l’amour
Lors de la saison de reproduction, les mâles attirent les femelles en poussant de puissants cris aigus. Même si cette technique ne semble pas glamour, elle fonctionne ! Les deux sexes se rapprochent entre août et octobre, et les mâles constituent des sortes de harems composés de 4 ou 5 femelles qu’ils défendent férocement ; ils resteront avec les femelles pendant quelques jours. Une fois la fécondation accomplie, les futurs parents peuvent se séparer ; si les deux sexes peuvent hiberner ensemble, ce sont les femelles seules (regroupées en colonies) qui prendront en charge l’éducation des petits.
Les femelles mettent leurs petits au monde en juin après une gestation de six à huit semaines. N’y aurait-il pas un problème dans les calculs ? Et non, car après avoir été fécondées, ces dames conservent le sperme dans leur corps pendant toute la durée de leur hibernation et ne lancent effectivement leur gestation qu’au printemps. Contrairement aux autres chauves-souris, la noctule commune peut donner naissance à des jumeaux, parfois issus de pères différents (contre un seul bébé par an pour la plupart des espèces). Maman noctule allaite ses petits pendant trois à quatre semaines. À l’âge de sept à huit semaines, les petites noctules sont capables de se débrouiller seules.
Relation avec l’Homme
Même si les noctules communes peuvent vivre 10 ans, elles ne survivent pas si souvent à leur deuxième année. Il n’est pas rare que cette chauve-souris entre en collision avec les turbines des éoliennes lors de sa migration ; son taux de mortalité est donc particulièrement élevé par rapport aux chauves-souris qui ne migrent pas. 65 % des noctules tuées par les éoliennes sont d’ailleurs des femelles, les mâles ne changeant pas d’habitat.
De plus, l’abattage des vieux arbres lui est défavorable, car elle perd alors son refuge préféré. De plus, l’emploi massif de pesticides réduit le nombre de ses proies et peut lui être fatal. Comme les noctules communes femelles migrent, il est difficile de se faire une idée précise des populations qui vivent dans nos contrées.
Saviez-vous que…
- la noctule commune avait une espérance de vie relativement faible par rapport aux autres chauves-souris ? Elle compense donc cette vie plus courte en donnant naissance à plus de petits par an.
- les mâles étaient de vrais ténors ? Ils « chantent » pour attirer les femelles, et leur voix est assez puissante et aigue.
- les noctules communes femelles migraient et pouvaient parfois parcourir plus de 1500 km ?
- la noctule commune avait été nommée « chauve-souris de l’année » en 2016 et 2017 ?