Eresus sandaliatus

Une douceur veloutée, une couleur agréable et un caractère impitoyable dans la nature. Bref, voici une araignée qui ne passe pas inaperçue. Saviez-vous qu’avant de quitter leur nid, les jeunes araignées mangent… leur propre mère.

Reconnaître l’Eresus sandaliatus

L’Eresus Sandaliatus est d’apparence plutôt avenante. En effet, mâle et femelle arborent un joli duvet velouté qui leur donne un air bien moins terrifiant que les autres araignées.

Mâles jusqu’à 11 mm, femelles jusqu’à 20 mm
Les mâles adultes ont un corps rouge-orange poilu avec 4-6 points noirs
Les pattes des mâles comportent des anneaux blancs noir, avec de nombreux poils blanc-jaune
Les femelles sont de couleur gris velouté à noir, avec de nombreux poils blanc-jaune

Cette jolie araignée se nourrit principalement d’insectes au niveau du sol, même les plus gros. Sa toile laineuse n’est pas adhésive mais agit comme une sorte de velcro qui immobilise les insectes les plus robustes. De plus, ses crochets sont assez puissants pour mordre à travers la carapace des gros scarabées.

Habitat

L’Eresus Sandaliatus est très rare, elle n’est présente que dans huit pays européens. Elle préfère rester sur des sols sableux, arides, secs et pauvres en nutriments. En Belgique, elle ne vit qu’à Lommel, dans une ancienne zone industrielle. Les femelles et les araignées qui n’ont pas encore atteint l’âge adulte vivent sous terre, dans un trou qu’elles ont creusé elles-mêmes et qu’elles tapissent soigneusement de toile. À l’entrée de leur repaire, l’araignée construit une petite toile discrète mais très solide qui permettra d’attraper des proies.

Les araignées et l’amour

L’histoire de l’Eresus sandaliatus est celle du sacrifice total. La femelle passe toute sa vie sous terre, à l’abri de ses ennemis. Au printemps, les mâles quittent leur terrier pour trouver des femelles. Ils tendent et agitent leurs pattes avant pour recueillir les phéromones des femelles. Après l’accouplement, la femelle fabrique une sorte de cocon autour de l’œuf. Cocon qu’elle conserve au fond de son terrier. Par beau temps, elle permet à la couvée de sortir avec précaution pour se réchauffer. Une fois nés, les petits sont nourris par l’araignée avec de la nourriture prédigérée.

Au printemps, juste avant que les jeunes araignées ne rejoignent le vaste monde, la mère commet un acte ultime d’amour maternel. L’araignée offre son corps à ses jeunes. Un repas ultime pour donner à ses enfants le meilleur départ possible. Les jeunes peuvent maintenant affronter le monde et… creuser leur propre trou quelques centimètres plus loin.

Relation avec l’homme

En 2009, l’Eresus sandaliatus a été repérée à Lommel, 113 ans après sa dernière observation. Immédiatement, tout a été mis en œuvre pour offrir à cette araignée menacée au niveau mondial les meilleures chances de survie. Natuurpunt a, par exemple, acheté 50 hectares du terrain industriel où vivait la population d’araignées. Lorsqu’un parc de panneaux solaires a été construit sur l’autre habitat en 2018, les araignées ont été déplacées une par une dans un endroit sûr.

Saviez-vous que l’Eresus sandaliatus…

s’appelle « ladybug spider » (araignée coccinelle) en anglais ? Ce nom fait référence aux mâles qui présentent les mêmes couleurs qu’une coccinelle pendant la période d’accouplement.
est complètement inoffensive ? Avec ses couleurs vives, le mâle effraie tous les assaillants éventuels.
a été filmée par Notre Nature alors que deux mâles s’affrontaient ? Cela n’avait encore jamais été filmé. Découvrez cette séquence ici.