Buse variable
Les buses variables sont aujourd'hui fréquemment observées. Vous les verrez souvent voler en cercle au-dessus des zones ouvertes, posées, immobiles, sur un poteau le long d'une route ou marcher dans un terrain en jachère à la recherche d'une proie naïve, comme nos rapaces les aiment. Si vous ne les voyez pas, vous pourrez les reconnaître à leur cri aigu qui ressemble à un chat dont on aurait écrasé la queue.
Reconnaître la buse variable
Buteo buteo
Il n'est pas toujours facile de reconnaître les rapaces, surtout les buses variables. Heureusement, certaines caractéristiques vous permettront de montrer une buse variable à vos amis avec certitude :
- sa couleur est très variable : blanche, brune, noire, tachetée...
- les buses brunes présentent souvent une bande en forme de U sur la poitrine
- les buses plus claires ont souvent une poitrine tachetée
- ses ailes sont arrondies et présentent des taches foncées sur le dessous et de larges rémiges noires
- sa queue est arrondie et présente de fines rayures et de larges bandes noires
- sa tête est large
- ses pattes sont jaunes
- les jeunes exemplaires sont souvent plus clairs et présentent des rayures longitudinales sur la poitrine
- quand elle vole en cercle, ses ailes forment un V ; elle plane grâce aux courants ascendants
- son cri aigu ressemble à un miaulement
En hiver, les buses variables peuvent être confondues avec les rares buses pattues. Ces buses du nord ne présentent pas de stries sur leur queue blanche et ont les pattes recouvertes de plumes. En été, ne confondez pas notre buse variable avec la belle bondrée apivore. La tête de cette dernière ressemble à celle du coucou et sa queue est plus longue et plus arrondie. Ses ailes restent dans une position horizontale en vol.
Au menu
Les buses variables ne sont pas capricieuses : ces rapaces sont de véritables opportunistes. Une bonne partie de leur menu se compose de rongeurs comme les campagnols et les jeunes lapins. Elles n'hésitent pas non plus à opter pour des encas moins habituels tels que les amphibiens, les asticots, les vers de terre, les coléoptères et même de jeunes oiseaux.
Elles chassent de trois manières différentes. En été, les buses survolent les paysages ouverts en faisant des cercles et en se laissant porter par les courants ascendants. Elles ne battent pas des ailes mais se contentent de planer grâce à l'air chaud. Si elles aperçoivent une proie potentielle, celle-ci n'a plus qu'à prier. Notre rapace se tient immobile et se concentre avant de fondre sur sa victime. Les buses variables chassent aussi depuis une position en hauteur, d'où elles peuvent surveiller les environs – comme un poteau ou un arbre. Quand elles voient leur goûter, elles réduisent la distance qui les en sépare en vol plané. Elles peuvent aussi chasser depuis le sol, où elles attrapent par exemple des vers de terre.
À gauche : buse variable sur un poteau ; à droite : une buse variable fond sur sa proie
Habitat
La buse variable préfère les paysages mixtes qui rassemblent des forêts pour se reposer, dormir et nicher et des espaces ouverts pour chasser. Si vous partez à la découverte de ce rapace, n'oubliez donc pas de vous pencher sur les terrains cultivables et les régions boisées qui jouxtent des prairies et des champs. Vous aurez plus de chances de repérer les buses variables depuis votre voiture : elles semblent particulièrement apprécier les poteaux qui longent les routes.
En général, les buses variables sont sédentaires en Belgique, ce qui signifie qu'elles occupent nos paysages toute l'année. Les spécimens du nord-est de l'Europe rejoignent nos contrées dès le mois de novembre pour y passer l'hiver. Ces buses sont plus claires quand elles nous viennent du sud de la Suède et du Danemark et plus orangées si elles arrivent d'Europe de l'Est. En mars, ces invités hivernaux allochtones retournent vers leur zone de nidification.
La buse variable et l'amour
Le nid de la buse variable est appelé l'aire. Il s'agit d'un grand nid (1 m de diamètre pour 60 cm de profondeur) construit à base de branches et de brindilles et recouvert de fougères et de mousse. Les buses utilisent parfois d'anciens nids de corneilles ou les aires de leurs congénères qu'elles rénovent. Elles occupent en outre plusieurs nids sur leur territoire et changent chaque année. L'aire se situe généralement au sommet de grands arbres, parfois légèrement plus bas ou même au sol. Le nid est façonné par les deux partenaires monogames qui restent unis pour plusieurs saisons.
Après un accouplement court mais répété vers le début du mois d'avril, Maman Buse pond 2 à 4 œufs blanchâtres tachetés de brun. La femelle pond les œufs en laissant deux jours d'intervalle entre chacun. Une fois le dernier œuf pondu, elle commence à les couver pendant que leur père se charge de la nourriture. Après un peu plus d'un mois, les petits se fraient un chemin vers l'extérieur. Leur mère reste auprès d'eux tandis que Monsieur s'en va chasser. Il revient au nid et offre le repas à sa femelle, qui nourrit à son tour les petits oisillons blancs. Après environ 3 semaines, quand le duvet des petits est remplacé par des plumes, Maman se remet à la chasse. Les jeunes buses variables nettoient leur aire en faisant leurs excréments par-dessus le bord du nid. Plus ils grandissent, plus leurs excréments atterriront loin de l'aire. Après environ huit semaines, les petites buses sont fin prêtes à s'envoler : elles quittent le nid mais sont toujours nourries par leurs parents pendant deux mois. Elles doivent ensuite chasser seules. Quand elles atteignent l'âge de 3-4 ans, elles peuvent fonder leur propre famille.
Buse variable en vol
Relation avec l'homme
Les populations de buses variables se portent bien aujourd'hui, mais cette situation était bien différente autrefois. Elles étaient prises pour cibles (chassées ou empoisonnées) par les gardes-chasse et les défenseurs des oiseaux de prairies. Leurs aires étaient en plus souvent dérangées, et elles étaient capturées par les fauconniers ou pour apparaître dans des spectacles de rapaces. Elles étaient en outre atteintes par les maladies qui touchaient leurs proies, comme les lapins. À l'heure actuelle, elles risquent toujours d'être intoxiquées par les balles au plomb, et les parcs éoliens représentent un danger à ne pas sous-estimer.
En mai, il arrive qu'un phénomène curieux se produise. Les buses variables, d'habitude si paisibles, deviennent agressives une fois que leurs petits sont nés. Quand un passant – souvent un joggeur – ose traverser le territoire d'un couple, l'un des deux oiseaux (souvent le mâle) l'attaque. Il se lance à toute vitesse vers l'intrus et le frôle. La plupart du temps, la buse variable se contente d'effrayer l'intrus sans le toucher, mais il arrive qu'elle s'attaque à la tête ou aux épaules du malheureux passant. Cet événement peut être effrayant, surtout parce que les buses prennent leurs cibles par surprise. Heureusement, ces attaques sont plutôt rares et peuvent être évitées de deux manières. Faites comprendre au rapace que vous l'avez repéré, par exemple en vous dirigeant vers lui et en bougeant les bras ; son attaque surprise n'aura plus lieu d'être. Vous pouvez aussi porter un bonnet ou une casquette avec des yeux dessinés sur l'arrière. La buse se sentira prise au dépourvu et retournera sagement à son nid. Si vous êtes un jour attaqué.e par une buse variable, prenez contact avec votre commune afin qu'elle interdise l'accès au lieu du crime et évite ainsi de futurs accidents.
Saviez-vous que...
- les buses variables vivaient maximum jusque 26 ans dans la nature mais pouvaient atteindre 30 ans en captivité ?
- la buse variable tenait son nom de la grande variété de couleurs qu'elle peut présenter ?
- le nid des buses variables était parfois utilisé par les passereaux ? Il existe alors un accord de paix tacite entre les cohabitants.
- la buse variable, bien qu'appelée « buizerd » en néerlandais, était aussi surnommée « busse » ? Ce dernier surnom désigne aussi les chats et lui a été donné en raison de son cri, qui ressemble à un miaulement.