Pourquoi les oiseaux endormis ne tombent-ils pas ?
Lorsque les oiseaux font une sieste, leur posture ne semble pas du tout confortable. Ils dorment souvent sur une patte ou en équilibre sur une branche mince, et pourtant ils parviennent à rester bien droits. Comment se fait-il que les oiseaux soient de pareils funambules, même endormis ?
On a souvent tendance à comparer les talents et compétences des animaux avec nos propres capacités. Dormir droit ou debout sur une jambe pendant longtemps ne fait pas partie de nos talents. Si les oiseaux en sont capables, c’est grâce à leur physique unique.
Serrer est plus simple que lâcher
Cela ne demande que peu d’effort à un oiseau de tenir en équilibre sur une branche, sur une ou deux pattes. Il s’agit là d’une question purement mécanique : la patte d’un oiseau est naturellement serrée. En tant qu’humains, nous devons faire un effort pour saisir quelque chose. Chez l’oiseau, cela se produit naturellement. Quand ils veulent reprendre leur envol, ils doivent faire un effort pour ouvrir leur griffe et lâcher la branche. Tout l’inverse de nous en somme !
Les doigts des oiseaux sont reliés par un tendon à un muscle situé sur leur « genou ». Placer ce « genou » entre guillemets s’explique parce qu’il ne s’agit pas vraiment d’un genou… Les articulations au milieu de la patte d’un oiseau pointent vers l’arrière, alors que les nôtres pointent vers l’avant. Il est donc préférable de comparer celles-ci avec nos chevilles. Le vrai genou de l’oiseau est beaucoup plus haut, caché sous un épais paquet de plumes. Lorsqu’un oiseau se détend et fait pression sur ses genoux et ses chevilles, le tendon se resserre automatiquement et les griffes se ferment. Ce mécanisme est si puissant que certains oiseaux peuvent même s’accrocher à l’envers sur une branche sans difficulté. S’ils meurent dans leur sommeil, il est difficile de leur faire lâcher prise — précisément parce que leurs doigts adoptent naturellement une position repliée.
Les oiseaux vivent sur un grand pied
Et qu’en est-il des oiseaux qui dorment sur une patte ? C’est souvent le cas pour les hérons et les cigognes, mais de nombreux oiseaux plus petits dorment également avec une patte rétractée. Se tenir droit dépend de votre capacité à équilibrer votre centre de gravité au-dessus de votre surface d’appui. Plus cette surface est petite, plus des ajustements sont nécessaires. Voilà pourquoi les personnes avec de petits pieds comme les bébés parviennent finalement (au bout d’un an) à se tenir debout. Ils adaptent continuellement la position de leur centre de gravité. Heureusement, ce travail s’effectue inconsciemment.
Les oiseaux ont des doigts de pattes relativement longs et au moins un doigt pointe vers l’arrière. Leur surface d’appui est donc énorme par rapport à leur corps. Pour reprendre l’expression, ils vivent littéralement sur un grand pied. L’ajustement est à peine nécessaire et se base largement sur un réflexe : le centre de gravité de leur petit corps s’aligne automatiquement au-dessus de leur grande surface d’appui.
Dormir, c’est économiser de l’énergie
La raison pour laquelle les oiseaux rétractent une patte pendant leur sommeil est de toute évidence une question de chaleur. La patte d’un oiseau ne peut compter sur aucune isolation : il ne s’agit que de peau et d’os. Ils perdent beaucoup de chaleur à travers ces pattes nues, surtout si l’une de ces pattes est dans l’eau. En rétractant alternativement les pattes, il y en a toujours au moins une qui est maintenue à la bonne température.
Mais dormir sur une jambe permet également d’économiser de l’énergie d’une tout autre manière. Les scientifiques ont découvert que les flamants roses n’avaient pas besoin de force musculaire pour se tenir sur une patte, alors qu’ils en avaient besoin pour se tenir sur deux. Ils « verrouillent » leur patte de soutien, comme les chevaux quand ils dorment debout. Il est probable que d’autres grands échassiers, comme nos hérons, utilisent également cette technique.
Mi-éveillé, mi-endormi
Les oiseaux dorment rarement très profondément. Habituellement, seule une moitié du cerveau à la fois est en mode sommeil. On peut d’ailleurs parfois voir un oiseau dormir avec un œil ouvert. Cela leur permet de rester vigilants pendant qu’ils dorment et de s’éloigner en cas de danger. Les oiseaux qui dorment en groupe, comme les étourneaux en dehors de la saison de reproduction, peuvent se permettre un sommeil profond. Tant que quelques étourneaux restent éveillés (ou à moitié endormis) pour surveiller les alentours.
Un oiseau parvient même à voler en n’utilisant que la moitié de son cerveau. Puis l’autre, alternativement. Le martinet noir vole presque tout le temps et ne se pose presque jamais sur le plancher des vaches. Du coup, il dort… en volant !
