Les cigognes reviennent plus tôt de leur voyage dans le sud
Cette année, le retour des cigognes sous nos latitudes s’est produit exceptionnellement tôt. Ces échassiers ont toujours été précoces par rapport aux autres oiseaux migrateurs, mais cette année, ils sont revenus en Belgique avec deux semaines d’avance. Pourquoi ? Quelles seront les conséquences sur leur saison de nidification ? Vous en saurez plus en lisant cet article.
Les cigognes amènent le printemps
Ou plutôt, elles annoncent la fin de l’hiver. Les cigognes font partie des premiers oiseaux migrateurs à revenir dans nos contrées au printemps. Elles reviennent toujours de leur séjour hivernal assez tôt, généralement vers la mi-février. Cette année, dix cigognes ont déjà été observées au Zwin dès le début du mois. Ce phénomène n'est pas nouveau : les années précédentes, de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs étaient également de retour en avance. Pourquoi ? Ont-elles été chassées de leur gîte hivernal ou ont-elles été menées par la force des vents venant du sud-est ? L’explication est bien plus simple : elles s’éloignent moins durant l’hiver. Il y a quelques années, les cigognes parcouraient des milliers de kilomètres en direction de l’Afrique, mais elles hivernent maintenant dans le sud de l’Europe.
Synchros avec les saisons
Le réchauffement climatique perturbe la migration. D’un côté, les hivers deviennent plus doux, permettant aux cigognes et autres oiseaux de trouver facilement de la nourriture. Elles ne doivent plus se préparer pour un long voyage vers l’Afrique, mais séjournent plus près, en Europe. Selon le zoo de Planckendael, 85% des cigognes hivernent à présent en Espagne.
Le cours des saisons, en constante évolution, joue un rôle plus important encore. Comme le printemps commence plus tôt, les insectes – repas préféré de notre échassier – sont actifs bien plus tôt dans l’année. Les cigognes et autres oiseaux migrateurs n’ont d’autre choix que de revenir également en avance pour ne pas manquer le début de la saison et son abondance de nourriture.
Mieux vaut trop tôt que trop tard
Un retour anticipé ne pose aucun problème à la majorité des oiseaux migrateurs ; mais que se passe-t-il si ceux-ci ne sont pas capables d’anticiper et arrivent « trop tard » ? La sécheresse extrême sur le continent africain force certaines espèces à partir plus tard. En période de sécheresse, le manque de nourriture menace leur survie, car les oiseaux ont besoin d’énergie supplémentaire pour commencer leur long voyage. Ils ont également moins d’abris disponibles pendant le trajet. La compétition entre les différentes espèces est alors plus forte que jamais.
Dans le pire des cas, les oiseaux, et particulièrement les plus jeunes, ne survivront pas à leur voyage. Entre 50 et 70 % des plus jeunes ne connaîtront jamais leur premier printemps. La pénurie de nourriture, l'épuisement et la disparition de leur biotope ne sont pas les seuls facteurs qui causent leur mort ; les pylônes électriques font aussi leur lot de victimes. Quant aux cigognes qui parviennent jusqu'en Europe, elles courent le risque d'arriver trop tard et de débuter leur saison de nidification dans de moins bonnes conditions. Si elles arrivent en retard et ne trouvent pas assez de nourriture pour tous leurs petits, elles risquent de pondre moins d’œufs et de donc donner naissance à moins de cigogneaux.
Les temps ont longtemps été durs pour les cigognes en Belgique. Ces oiseaux préfèrent les vastes prairies humides où les insectes sont nombreux. Ils ont perdu leur biotope naturel à cause de la pollution de l'eau, du drainage de masse et de l'utilisation des pesticides par l'agriculture industrielle. Les populations flamandes sont actuellement composées d'oiseaux remis en liberté qui ont construit leur nid dans le parc naturel du Zwin et à Planckendael ainsi que de couples de spécimens sauvages originaires d'autres colonies d'Europe occidentale. Sans cette immigration, la population viable de cigognes diminuerait au lieu d'augmenter. Les cigognes flamandes se reproduisent peu et le taux de mortalité des jeunes individus, au nid ou lors des migrations, est bien trop élevé.
Opération cigognes
Grâce aux efforts pour protéger l'habitat des cigognes, nous pouvons maintenir nos populations à flot. Le Zwin participe grandement à cette sauvegarde grâce à l'Opération cigognes. Le baguage des populations locales permet de suivre attentivement nos cigognes. De plus, sept spécimens ont été équippés d'un émetteur. Les employés du parc naturel et l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) peuvent ainsi suivre les oiseaux au mètre près grâce à un genre de système de tracking. Les résultats fournis par les émetteurs sont cruciaux pour la survie des cigognes dans notre pays.
Cette année, les premiers sujets de cette opération ont fêté leur deuxième anniversaire. À cet âge, certains cherchent déjà un emplacement pour leur premier nid. L'efficacité des plans de nidification des cigognes du Zwin et leurs possibilités de retour à la côte belge sont en cours d'analyse.
Suivez vous aussi les cigognes du Zwin
Vous souhaitez savoir où nos sept cigognes Emily, Reinout, Hadewijch, Kris, Guido, Cora et Esperanza se trouvent en ce moment et connaître leur itinéraire de l'année passée ? Rendez-vous sur le site du Zwin et découvrez leur localisation actuelle sur la carte interactive (uniquement en néerlandais).
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