Grillon champêtre
Le son de l’été : les grillons
Rien n’évoque plus l’été que les célèbres « cri-cri » de nos grillons. Leurs stridulations accompagnent nos longues soirées d’été ensoleillées et nous transportent presqu’instantanément en vacances. Mais que savez-vous sur ces insectes, cousins des sauterelles et des criquets ?
1. Ils sont d’excellents musiciens
Les concerts de nos grillons pourraient rivaliser avec les meilleurs artistes de nos festivals, mais pas besoin de transporter une énorme batterie ou d’accorder une guitare ! Pour produire leur si joli son, les grillons se contentent de frotter leurs ailes l’une contre l’autre, à l’instar des sauterelles. Mais pourquoi stridulent-ils ? Chez les grillons, seuls les mâles chantent, et comme vous pouvez vous en douter, leur comportement a un rapport avec ces dames : les mâles stridulent pour attirer leurs dulcinées, juste avant l’accouplement ou pour intimider les autres mâles.
2. Ils participent au grand nettoyage de la nature
Omnivores par nature, nos grillons mangent de tout : racines, débris végétaux, feuilles, graines, arthropodes, autres insectes... Ils peuvent même dévorer les charognes et certains ont également des tendances cannibales. Par conséquent, les grillons ont aussi une fonction de « nettoyeurs » de notre nature.
3. Comment les distinguer des sauterelles ?
Hé non, les grillons et les sauterelles ne sont pas un seul et même animal. Même s’ils appartiennent tous deux au sous-ordre des Ensifères et qu’ils génèrent leur musique de la même manière, nos insectes sont bien différents. Vous ne verrez par exemple jamais de grillon au corps entièrement vert, contrairement aux sauterelles et aux criquets qui peuvent tout à fait revêtir cette couleur. Pour être vraiment sûr.e que vous avez affaire à un grillon, il vous faudra le voir de très près (ou du moins son abdomen) : les grillons portent deux cerques (des sortes de pointes) sur leur arrière-train. De plus, leurs ailes sont situées sur leur dos et non sur leurs flancs.
Grillon des bois
4. Ils ont servi à établir une loi de la physique
Les grillons ne sont bien entendu pas les seuls insectes à avoir contribué à la science, mais leur apport est on ne peut plus original. En 1897, le physicien américain Amos Dolbear a réussi à établir un lien entre les stridulations du grillon de Fulton (Oecanthus fultoni) et la température ambiante. Il a compté le nombre de stridulations émises par minute… et est tombé sur une assez bonne estimation de la température. Pour les fans des formules, voici celle sur laquelle il s’est basé (TF étant température en Fahrenheit et N étant le nombre de stridulations par minute) :
TF = 50 + (N-40)/4
Bien entendu, cette formule reste une approximation, car les stridulations des grillons ne dépendent pas uniquement de la température, même si leurs stridulations sont plus nombreuses quand le soleil est plus fort. Mais pourquoi cette estimation est-elle assez proche de la réalité ? Tout simplement parce que les grillons sont des animaux à sang froid et ne peuvent donc pas régler leurs contractions musculaires de la même manière en fonction de la température. Malin, non ?
5. Plusieurs espèces sont régulièrement observées en Belgique
Notre petit pays abrite plusieurs espèces de grillons indigènes comme exotiques. L’un des plus communs est le grillon champêtre, qui peut atteindre 27 mm et dont le corps est presqu’entièrement noir. Le grillon des bois, plus rare, vit principalement dans les clairières, buissons et lisières et est plus petit que son cousin (maximum 10 mm). Il se réfugie dans la litière. Le grillon domestique, assez commun, est quant à lui naturalisé, car il serait arrivé dans nos contrées au Moyen-Âge via le commerce d’épices. Il est aussi possible d’observer occasionnellement certains grillons exotiques comme le grillon provençal, le grillon tropical, le grillon d’Italie ou encore le grillon bordelais. Un grillon des bastides a déjà été exceptionnellement aperçu en province d’Anvers.
6. Les grillons creusent des galeries
S’il est vrai que certains grillons adorent se dorer au soleil, d’autres ne supportent pas la lumière et se cachent toute leur vie dans des grottes ou même dans le métro parisien. S’ils ne trouvent pas refuge dans des tunnels déjà creusés, certains grillons comme le grillon champêtre sont parfaitement capables de créer leurs propres galeries à l’aide de leurs mandibules. Ils s’y réfugient par mauvais temps. De plus, les souterrains sont indispensables à leur naissance. Les femelles déposent leurs œufs dans la terre grâce à leur long oviscapte (appendice qui prolonge leur abdomen), où ils seront bien à l’abri jusqu’à leur éclosion.
7. Les grillons sont un plat apprécié dans de nombreux pays
L’idée même de déguster des insectes vous répugne ? Pourtant, les grillons sont un mets de choix dans plusieurs endroits du monde, notamment en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Cette tendance arrive aussi chez nous, car le plus grand élevage de grillons comestibles d’Europe se trouve à… Bruxelles ! Attention : nous parlons ici principalement du grillon domestique (Acheta domestica) et non de tous les grillons. La consommation de grillons est même sérieusement envisagée pour en finir avec la faim dans le monde, car ils sont faciles à produire, durables, très riches en nutriments (notamment en protéines, en fibres, en fer et en vitamines) et économiques. De plus, les fibres qu’ils contiennent favoriseraient la croissance des bonnes bactéries dans nos intestins. Qui a dit que les insectes étaient répugnants ?
Grillon domestique
8. Le grillon dans la culture populaire
Les grillons ne sont pas absents de nos œuvres. Malgré son nom quelque peu trompeur, la voix de la conscience du célèbre Pinocchio, Jiminy Cricket, est en fait un grillon. Le grillon est aussi présent dans un conte de Charles Dickens, « Le Grillon du Foyer » (The Cricket on the Hearth), où son chant est synonyme de porte-bonheur.
