La reine de l’hiver : l’hermine
Ma fourrure blanche était autrefois associée à la noblesse et se retrouve d’ailleurs sur le drapeau du Royaume de Bretagne. Pourtant, mon pelage n’est blanc que pendant l’hiver, et ne revêt cette couleur que sous des latitudes glaciales. Qui suis-je ? Il s’agit bien sûr de l’hermine ! Mais pourquoi le pelage de ce petit mustélidé change-t-il de couleur ? Découvrez tous ses secrets !
L’hermine mesure entre 20 et 40 cm en moyenne (queue comprise) et ressemble beaucoup à ses cousines la fouine et la belette, avec tout de même une différence subtile : le bout de sa queue est noir. Dans notre pays, vous pourrez la croiser dans les prairies ou les landes, qu’elle privilégie par rapport aux forêts et massifs boisés. Elle raffole des petits rongeurs et en particulier des campagnols, mulots ou petits lapins, raison pour laquelle elle était déjà apprivoisée et utilisée pour la chasse avant la domestication des chats. Très vive, elle a un métabolisme rapide et doit donc dévorer environ 40 % de son poids chaque jour pour survivre.
Symbolique et histoire
Au Moyen-Âge, elle symbolisait le courage et la pureté et sa fourrure ornait régulièrement les robes des nobles ou du clergé tandis que les chevaliers en recouvraient leurs boucliers. Ces valeurs ont poussé la Bretagne à en faire son emblème dès le XIVe siècle. Une légende raconte qu’une hermine traquée se serait retrouvée acculée entre ses chasseurs et la rivière et qu’elle aurait préféré se rendre plutôt que de risquer de salir son beau pelage. Ce mythe a donc donné naissance à la devise de la Bretagne : « Plutôt mourir que de se souiller ».
Pour le couronnement du roi George VI en 1937, plus de 50 000 hermines furent importées du Canada pour être abattues et décorer sa robe de cérémonie. Si sa robe hivernale lui a longtemps valu d’être chassée, ce n’est heureusement plus le cas à l’heure actuelle et l’hermine fait partie des espèces non menacées. Ses principaux ennemis aujourd’hui sont le trafic routier, les poisons données aux rongeurs et le développement intensif des espaces agricoles. L’hermine a en effet besoin de paysages variés et comportant de nombreuses cachettes pour pouvoir se développer.
Pourquoi l’hermine change-t-elle de couleur ?
Brune la plupart du temps, elle prend toutefois une teinte blanche lorsqu’il fait froid : elle ne revêt sa robe immaculée que lorsque la température descend en-dessous de -1°C et peut parfois arborer deux couleurs. Sa mue a lieu deux fois par an, au printemps et en automne. Comme chez les humains, la couleur des poils est influencée par la présence (ou l’absence dans ce cas) de mélanine : moins cette substance est présente, plus le poil sera clair. Dans le Grand Nord, sa couleur blanche lui permet de se confondre avec la neige et d’échapper ainsi plus facilement à ses prédateurs, les rapaces. S’il ne neige pas, cette transformation capillaire n’a aucun intérêt, car l’hermine ressortirait d’autant plus sur la terre brunâtre. Plus au sud, l’hermine va donc généralement conserver son pelage brun tandis que les populations du nord (Scandinavie, pays baltes ou encore environnements montagneux) deviendront blanches comme neige. Les individus situés entre deux régions arboreront parfois un pelage pie bicolore.
Mais le camouflage n’est pas le seul intérêt d’un pelage blanc. Lorsque la lumière du soleil et les rayons UV diminuent, l’hermine sait qu’il est temps de changer de couleur car l’hiver approche. La mélanine est synthétisée dans les cellules grâce à la tyrosinase, une enzyme qui se développe par le biais d’une hormone appelée MSH ou mélanostimuline. Quand elle ne reçoit plus de rayons ultra-violets en suffisance, cette hormone ne s’active plus et la couleur de l’hermine vire au blanc. La mue dure généralement entre 4 et 6 semaines mais peut aller plus vite en cas de brusque changement de température. En disparaissant des poils, la mélanine laisse de l’espace à l’air qui a aussi une fonction isolante ; les poils captent donc plus facilement la lumière. Plus la fourrure est épaisse, plus elle contiendra d'air et plus elle tiendra chaud à l'animal. Ce petit animal emmagasine d’ailleurs difficilement la chaleur en raison de la forme allongée de son corps. La blancheur de son pelage n’est donc pas due à un effet de mode, mais à différents facteurs comme la température, la lumière ou encore l’hérédité.