Des animaux de papier : rencontre avec un maître de l'origami
Pieter Van Dorsselaer aime prendre soin de la nature et fait de son mieux pour protéger nos écosystèmes. Côté professionnel, il travaille depuis des années au Service d'Etude chez Natuurpunt. Et grâce à un catalogue de meubles qui a atterri dans sa boîte aux lettres il y a quatre ans, il s'est découvert une nouvelle passion : les origamis. Des hiboux aux renards et des papillons aux sauterelles, l'art japonais lui a permis de donner vie à nos animaux indigènes.
Commençons par évoquer votre passion si particulière : qu'est-ce que l'origami et comment est-ce né ?
Pieter Van Dorsselaer : « L'origami est né au Japon. Comme pour la plupart des mots japonais, la signification n'est pas très compliquée : "ori" signifie plier, "kami" veut dire papier. Cet art du pliage a été transmis de génération en génération et était souvent utilisé pour fabriquer des cadeaux traditionnels symboliques. Ce n'est que dans les années 1950 qu'Akira Yoshizawa – le grand maître japonais de l'origami – a développé une explication étape par étape pour plier ses modèles : les célèbres flèches et lignes. »
« À partir de ce moment, toutes sortes de livres ont été rédigés avec des guides détaillés, et l'origami est devenu une mode aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Lentement mais sûrement, les modèles devenaient de plus en plus complexes. Et avec l'arrivée d'internet, l'art du pliage du papier s'est répandu encore plus rapidement. Des artistes japonais et américains échangeaient des idées et commençaient à se défier. Entre-temps, l'origami était étudié de manière très mathématique et certains modèles étaient fabriqués par des ordinateurs. L'origami se retrouvait même dans d'autres contextes, par exemple pour la pose de stents en chirurgie cardiaque ou pour la création de panneaux solaires dépliables pour les véhicules spatiaux ! »
« L'origami est aussi très présent sur Instagram. Il rassemble une grande communauté où les gens s'inspirent les uns les autres et sont toujours prêts à s'entraider. Il n'a pas fallu longtemps avant que je crée ma propre page Instagram avec mes créations en origami. Depuis le Coronavirus, de nombreux événements en ligne sont organisés et des maîtres de l'origami donnent des cours et montrent comment ils créent leurs modèles. »
Vos créations sont superbes ! Comment avez-vous découvert l'origami ?
Pieter : « Quand j'étais petit, j'avais un livre sur les origamis, et je les avais tous essayés au moins une fois. Les grenouilles par exemple, mais aussi les célèbres grues. Ce modèle est un peu plus complexe, mais une fois que vous le maîtrisez, il se réalise assez facilement. Quand les deux petites grues cendrées sont nées dans la vallée du Zwarte Beek l'année passée, j'ai filmé une vidéo pour Natuurpunt où je montrais comment en créer une en origami. »
« Mais ma passion s'est réellement développée il y a environ quatre ans, quand j'ai reçu un catalogue d'une chaîne de mobilier. J'avais régulièrement un folder ou un catalogue de cette entreprise malgré le gros autocollant rouge qui indiquait que je ne voulais pas recevoir de pubs. Comme je ne veux pas contribuer à l'augmentation des déchets papier, je leur ai gentiment fait la remarque. J'ai rapidement eu une réponse à mon mail disant qu'ils s'excusaient pour le désagrément et qu'ils en informeraient leurs partenaires de distribution. »
« Mais je ne m'attendais pas au conseil que l'un des employés m'a donné : "Pour tenter de diminuer les déchets papier, j'ai ajouté une vidéo montrant comment fabriquer un T-rex en pliant un folder en papier avant de le recycler (ou pour l'utiliser pour mettre en garde les distributeurs de folders). Je vous souhaite une bonne journée !" Mes enfants ont adoré l'histoire. Après quelques "Papa, tu as déjà fait le dino ?", j'ai fini par m'y essayer. Et vous connaissez la suite... Vous savez donc quel a été mon premier modèle. Je vous conseille vivement la chaîne YouTube ‘Origami with Jo Nakashima’, car elle contient de très bons tutos pour différentes créations. »
Y a-t-il un lien entre votre fascination pour les origami et votre passion pour la nature ?
Pieter : « Bien sûr ! J'adore créer des animaux. Vous pouvez d'ailleurs retrouver de nombreux habitants de la nature belge sur ma page Instagram : des hiboux, des renards, des sangliers, des fourmis, des libellules et des sauterelles. Les insectes sont souvent les plus difficiles car ils ont beaucoup de pattes et des antennes. J'ai donc beaucoup représenté la faune indigène, même si je préfère les dragons et les dinosaures. Pour moi, les plus beaux origamis sont ceux de Shuki Kato, un jeune Américain, mais ils sont vraiment d'un niveau supérieur et demandent beaucoup de dextérité. Il vaut peut-être mieux commencer par les animaux présentés sur le site du WWF. C'est ce que j'ai fait après mon premier dinosaure et j'ai rapidement voulu en essayer plus. »
« Ce que j'aime par-dessus tout dans l'origami, c'est la diversité. Je passe par exemple parfois aux modèles géométriques, appelés "tessellations" dans le jargon. Ils sont très beaux quand la lumière les traverse. De temps en temps, je fabrique un masque ou un visage proposés par Fynn Jackson. J'aime aussi changer de technique et de papier, du plus petit et fin au format un mètre sur un mètre. Je ne m'ennuie jamais avec ce hobby... Je le conseille à tous ! »
Les astuces de Pieter pour les artistes débutants
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Commencez par des modèles simples
Si vous mettez d'emblée la barre trop haut, vous serez vite frustré.e. C'est en forgeant qu'on devient forgeron, et vous saurez rapidement quand vous serez prêt.e à passer à un défi plus complexe. -
Choisissez le bon papier
Au début, vous pouvez commencer à vous exercer avec des feuilles d'imprimante. Essayez d'abord avec des feuilles assez grandes pour vous faciliter la vie. Quand votre modèle deviendra plus compliqué, vous pourrez passer à un papier plus fin comme le papier kraft (que vous pouvez trouver en rouleaux dans une papeterie). -
Soyez aussi précis.e que possible
Plus vos pliages seront précis, plus le résultat final sera beau. Vous pouvez accentuer vos plis en les repassant avec une lime à ongles. Si votre papier est plus épais, utilisez plutôt un ébauchoir.
