Avez-vous vu le loup ?
Les loups sont de retour en Belgique depuis un certain temps maintenant. Leur présence a ses amateurs, mais aussi ses détracteurs. Et si nous pouvions vivre ensemble et parfaitement cohabiter avec ce nouveau super-prédateur ? C’est le parti pris de l’Expo Loup, organisée par le Parc naturel des Hautes Fagnes-Eifel en collaboration avec le WWF. Nous l’avons testée pour vous.
Chaque article sur les loups belges attire son lot de réactions : certaines positives, d’autres négatives. Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur retour ne fait pas (encore) l’unanimité dans notre pays. C’est la raison pour laquelle le WWF a décidé d’organiser cette exposition à la Maison du Parc de Botrange. Le but ? Donner une image réaliste du loup, sans fard ni artifice, et sans se baser sur d’anciens mythes.
Tordre le cou aux idées préconçues
S’il y a bien une chose qui nous frappe dès le début, c’est la volonté de nous confronter aux clichés et de les démonter. Des animaux empaillés nous sont présentés comme des bêtes sauvages et agressives. Une vieille image qui tient plutôt du mythe, précisent les panneaux. L’idée est claire : les légendes véhiculées depuis des siècles tiennent plus de la crainte que de la réalité. L’exposition nous présente d’abord l’animal et ses caractéristiques. Comment le distinguer facilement d’un chien ? Comment fonctionne une meute ? Où vivent-elles ? Comment communiquent les animaux entre eux ? Où ont-ils été repérés en Belgique ? Autant de questions qui trouveront des réponses dans un cadre ludique et instructif.
L’expo a été très bien pensée pour les enfants : elle compte une bonne vingtaine de panneaux explicatifs recto-verso et des carnets pour enfants sont en libre-service à l’entrée de la salle. Ces carnets interactifs comportent plusieurs mini-jeux auxquels les petits trouveront des réponses en se baladant dans l’expo. Malin ! Les informations sont en plus présentées avec beaucoup de clarté, de manière simple et accessible. Le tout est agencé pour que dix personnes puissent y circuler simultanément tout en maintenant une distance d’1,5 mètre. Il n’y a pas de sens de circulation à privilégier : les panneaux sont indépendants les uns des autres, ce qui est bien pratique pour éviter une file.
Le loup, un animal plus utile qu’il n’y paraît
Après une bonne remise en contexte, l’expo insiste sur l’utilité que peuvent avoir les loups dans nos écosystèmes. Comme l’ont déjà prouvé plusieurs études, la présence de l’animal va modifier le comportement de ses proies – mais également d’autres animaux situés à d’autres niveaux de la chaîne alimentaire. Les charognards, notamment, peuvent aussi tirer leur épingle du jeu en dévorant les restes laissés par les loups. Le retour d’un super-prédateur pourrait par exemple favoriser l’apparition de populations de grands corbeaux, assez rares chez nous. Autres avantages liés à sa présence : plus de diversité végétale et un assainissement des populations de gibiers, car le loup se concentrera avant tout sur les proies malades.
La salle présente aussi les moyens qui nous permettent d’étudier nos nouveaux venus : traçage, analyses d’empreintes ou d’excréments, pièges photographiques… Les différents spécimens ayant foulé notre sol sont aussi présentés par ordre chronologique et leurs trajets sont retracés.
Une cohabitation possible
Le gros point fort de cette exposition reste la présentation de solutions pour vivre aux côtés de cette nouvelle espèce. Plusieurs témoignages sont consultables sur des écrans interactifs, dont celui d’un éleveur de moutons, d’un chasseur et de gardes forestiers. Leur point commun ? Tous nous montrent qu’une cohabitation est possible – et même souhaitable – avec le loup. Si les éleveurs sont les premiers à souffrir du retour de l’animal, il existe pourtant des solutions : Stijn, l’éleveur présenté dans la vidéo, a par exemple opté pour des chiens de berger. Le loup reste un animal plutôt craintif qui ne s’approchera pas de l’homme s’il a le choix. De plus, le bétail ne représente pas la majorité de son alimentation, mais seulement 1 %. Autre possibilité : l’installation de clôtures électrifiées. Saviez-vous qu’il existait une association appelée Wolf Fencing Team Belgium qui aide gratuitement les éleveurs à se protéger des loups ? Et si ces mesures ne sont pas suffisantes et qu’une attaque de loups a tout de même lieu, il est possible de recevoir des indemnisations sous réserve d’une expertise du DNF.
Dernier point abordé : les menaces qui pèsent sur le loup. Bien qu’il se situe au sommet de la chaîne alimentaire, le loup rencontre lui aussi des problèmes, et son principal prédateur reste l’homme et ses activités. Deux loups flamands ont d’ailleurs déjà été victimes de la route, et il est fort probable que la première compagne d’Auguste ait été tuée. Un véritable défi quand on sait que la Belgique fait partie des pays les plus urbanisés et peuplés au monde ! Pourtant, les acteurs de terrain estiment que cet animal a bel et bien sa place chez nous, si du moins nous apprenons à cohabiter. Et qui sait, peut-être qu’Akela et sa femelle nous donneront bientôt raison en créant une meute wallonne…
Infos pratiques
- Où ? La Maison du Parc à Botrange, rue de Botrange 131 à Waimes.
- Quand ? Du 20 mars 2021 au 15 mars 2022. Le musée est ouvert tous les jours (sauf le 25 décembre et le 1er janvier), de 9h à 17h en semaine et de 10h à 18h les week-ends et jours fériés.
- Prix : Gratuit !
- Pour qui ? Très accessible pour les plus petits et toujours instructive pour les grands.
- Bonus : Si vous souhaitez visiter cette expo, pourquoi ne pas jeter un œil aux autres activités de la Maison du Parc ? Elle abrite en effet le musée « Fania », une exposition permanente sur les Hautes Fagnes et qui présente un « tunnel sensoriel », où vos cinq sens seront sollicités ! L’accès au musée coûte 6€ par adulte et 3€ par enfant (5€ pour les seniors). Profitez également de votre visite pour vous promener dans le Parc naturel.