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Nos grenouilles vaincues par leurs cousines exotiques

Nous sommes confinés chez nous mais les grenouilles, elles, travaillent dur. C’est la période la plus importante de l’année pour elles. Les mâles coassent pour dégoter une jolie femelle. Certaines espèces ont déjà des têtards. Mais quelles espèces de grenouilles vivent chez nous exactement ?

Espèces de grenouilles

Pour savoir combien d’espèces de grenouilles nous avons en Belgique, il est nécessaire de savoir exactement ce qu’est une grenouille. Un crapaud est-il une grenouille ? Oui et non. Les crapauds relèvent du même Ordre que les grenouilles (Anura), mais pas de la même Famille. Les grenouilles font partie des ranidae. Pour éviter toute confusion, la Famille grenouilles est appelée « vraies grenouilles ». Les crapauds sont en fait de fausses grenouilles.

Par rapport à d’autres groupes d’espèces comme les insectes, les plantes ou les oiseaux, les grenouilles sont peu nombreuses. Il est donc plus facile de les connaître. Il existe 15 espèces de grenouilles en Belgique, dont 7 sont de vraies grenouilles. Deux d’entre elles sont exotiques et n’appartiennent pas à notre nature : le ouaouaron (ou grenouille-taureau) et la grenouille rieuse. Elles sont arrivées chez nous via des personnes qui les ont déposées dans les étangs et parce que leurs cuisses sont très appréciées.

De Amerikaanse Stierkikker

Nos espèces de grenouilles indigènes n’apprécient guère l’arrivée de grenouilles exotiques. Le ouaouaron en provenance des États-Unis (photo ci-dessus) propage des maladies, dévore toute la vie aquatique et concurrence d’autres espèces de grenouilles. Cette grenouille n’est pas seulement un problème en Belgique : c’est l’une des espèces exotiques les plus envahissantes au monde (REF). L’autre espèce exotique envahissante, la grenouille rieuse (photo ci-dessous), se révèle dangereuse de manière beaucoup plus subtile ; à savoir via le complexe de la grenouille verte.

 

De Meerkikker, een invasieve exoot

Le complexe de la grenouille verte

Le complexe de la grenouille verte comprend trois grenouilles vertes difficiles à distinguer : l’exotique grenouille rieuse, la petite grenouille verte indigène et le croisement entre les deux : la Pelophylax kl. esculentus. C’est cette « bâtarde » qui représente un problème pour la grenouille aquatique indigène. La cause du problème réside dans les gènes. La Pelophylax kl. esculentusconserve en fait les gènes de la petite grenouille verte et de la grenouille rieuse. Mais lorsque la grenouille hybride s’accouple ensuite avec la grenouille verte, elle transmet ses gènes de grenouille rieuse. Et une nouvelle grenouille hybride est née. Lorsque celle-ci s’accouple avec une petite grenouille verte, elle transmet à nouveau ses gènes de grenouille rieuse et hop, une bâtarde de plus ! Au final, toutes les grenouilles vertes se transforment en Pelophylax kl. esculentus !

Ce schéma nous explique de manière simple le processus où la grenouille rieuse (MM) a deux gènes « M » et la grenouille verte (PP) a deux gènes « P ». La grenouille hybride (MP) possède à la fois les gènes de la rieuse et de la verte, un « M » et un « P ». Si trois grenouilles vertes et une grenouille rieuse coexistent, la population finira par disparaître. Le schéma montre ce qui se passe lorsqu’une grenouille rieuse est ajoutée à une population de trois grenouilles vertes. Au final, seule une grenouille hybride subsiste, entraînant la disparition de la population à gêne unique.

La grenouille verte souffre donc d’une sorte d’« assimilation génétique », initiée par l’homme et son désir de déguster des cuisses de grenouille. Bien qu’il y ait quelques exceptions à ce processus, le phénomène est bien présent et conduit sournoisement à la disparition de notre petite grenouille verte. Cependant, si la grenouille verte s’éteint, son ADN lui sera parfaitement conservé dans les cellules des Pelophylax kl. esculentus, les grenouilles bâtardes ! Bizarre, non ?!

La petite grenouille verte (gauche) et la Pelophylax kl. esculentus (droite)

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