Pie-grièche écorcheur
Ce petit oiseau a depuis toujours suscité l’intérêt et curiosité de la part des ornithologues pour ses mœurs de Rapaces. Son nom plutôt cruel n’est pas laissé au hasard, mais a pour origine son habitude plutôt barbare de constituer des sortes de garde-manger, que l’on appelle « lardoirs » : ceux-ci sont formés avec des branches épineuses où il empale ses proies.
Reconnaître la pie-grièche écorcheur
Lanius collurio
La pie-grièche écorcheur est un très joli représentant des Passereaux. Il est plus petit que ses cousines grises ou à têtes rousses mais plus grand qu’un moineau. Le mâle a des couleurs plus vives que la femelle. L’une de ses particularités est sa queue noire et blanche.
- Elle mesure environ 17 cm et pèse jusqu’à 24g
- Son bec est fort et crochu
- Son manteau du mâle est châtain clair, son ventre plutôt rosé et beige. Celui de la femelle est plus terne et tire vers le roux.
- Sa tête est gris clair, avec une bande noire très marquée près des yeux. La femelle, elle, a un masque plus brunâtre
- Son croupion et sa calotte tendent vers le gris-bleu pâle
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La pie-grièche écorcheur chasse à l’affût, bien installée sur un perchoir afin de pouvoir directement capturer ses proies au sol. Elle raffole des gros insectes comme des guêpes, des frelons ou encore des libellules et demoiselles. Mais elle peut aussi s’attaquer à des plus grandes proies comme des petits rongeurs, des grenouilles ou des lézards, ceux-ci sont tués avec un coup de bec vif à l’arrière de la tête. Elle va les démembrer presque immédiatement après les avoir interceptés.
Elle ne va pas toujours empaler ses proies. Elle va surtout s’affairer lors des jours fastes et qu’elle se retrouve avec un fameux butin ou lorsque la proie est d’une grande taille pour pouvoir la déguster à son aise. Voilà pourquoi on parle de « garde-manger », elle va stocker sa nourriture sur des épines ligneuses ou encore un fil barbelé pour quand elle aura un petit creux et rien à se mettre sous la dent.
Habitat
La pie-grièche écorcheur exige certaines caractéristiques pour établir son habitat de reproduction. On doit notamment retrouver des arbustes et des buissons bien touffus, des endroits où elle va pouvoir installer son nid. Elle apprécie les prunelliers, les aubépines, les églantiers ou encore les jeunes conifères.
Il faut également que l’environnement soit ouvert et dégagé pour faciliter la chasse. Les flancs de collines, la lisière de certaines forêts, les vergers ou les grands parcs sont ses habitats privilégiés, tout comme les prairies ou encore les bords de route.
La pie-grièche écorcheur et l’amour
Au retour de migration, qu’elle effectue plutôt vers le sud-est alors que la plupart des oiseaux se dirigent vers le nord-est ou le sud-ouest, il est temps pour la reproduction, qui se déroule entre avril et septembre et la nidification. Les pontes, elles, commencent mi-mai. Le mâle peut se montrer agressif pendant la reproduction si un autre individu s’approche d’une femelle déjà prise. Pour tenter d’attirer les femelles et éloigner les adversaires, le mâle va imiter l’action d’empaler une proie. Il peut aussi nourrir la femelle en dansant devant elle. Elle est prête pour l’accouplement lorsqu’elle accepte la proie.
Le nid est confectionné à l’aide d’herbes et de mousses, garni de poils ou de plumes. Le mâle se charge surtout de sa construction dans un buisson épineux. L’incubation, assurée uniquement par la femelle, va durer environ deux semaines. Quatre à sept œufs rosés ou verdâtres seront pondus, à raison d’une seule couvée par an. Les petits, élevés par les deux parents, pourront voler à partir d’un mois.
Relation avec l’homme
La pie-grièche écorcheur est la pie-grièche la plus commune en Europe. Si elle est encore assez commune, on observe néanmoins un déclin depuis quatre décennies. Celui-ci peut s’expliquer par l’influence du changement climatique mais aussi à cause des pratiques agricoles modernes. L’agrandissement des parcelles, retournement et mise en culture des prairies ou la régression des haies.
Tous ces changements brutaux ont des effets négatifs sur l’espèce. L’usage intensif d’insecticides a aussi eu des impacts sur ses sources de nourritures. Et dans certains endroits, le reboisements à grande échelle peut aussi lui être défavorable.
Saviez-vous que ?
- Son nom latin, « Lanius », signifie bourreau, sacrificateur ou encore victimaire. En anglais, on peut le surnommer le « Butcher Bird », soit l’oiseau boucher. En allemand, on l’a nommé Neuntöter, soit « neuf morts » pour souligner le fait que l’oiseau tue neuf victimes avant de manger ou encore Rotrückenwürger, soit « ange destructeur ». Décidément, sa cruauté semble laisser des marques dans toutes ses appellations.
- Elle est un « bio-indicateur ». Sa présence est le signe d’un milieu riche et diversifié. Sa disparition montre, au contraire, l’appauvrissement de l’écosystème.
- L’écorcheur est un migrateur tardif. Il revient dans les alentours du 28 avril.