Pélobate brun
Si, pour une raison où une autre, il vous arrivait de passer du temps sous l'eau, apprenez à identifier notre très rare pélobate brun. Ses cachettes souterraines et sous eau, son coassement doux et son nid douillet choisi avec attention font de cet amphibien un mystère difficile à observer...
Reconnaître le pélobate brun
(Pelobates fuscus)
Vous pensez avoir trouvé un pélobate brun mais n'en êtes pas sûr.e ? Vérifiez les caractéristiques suivantes :
- ce genre de crapaud trapu et lourdaud mesure entre 5 et 7 cm
- les femelles sont plus grandes que les mâles
- les motifs marbrés sur son dos vont du brun-vert au fauve
- il présente souvent des taches rouges ou orange sur les flancs
- il possède des yeux globuleux à l'iris doré et aux pupilles verticales
- il possède une excroissance dure et aiguisée appelée couteau au niveau de ses talons
- au printemps, les mâles émettent de doux « cloc-cloc » sous l'eau
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Les pélobates bruns adultes sont nocturnes. Ils se nourrissent principalement de petits invertébrés comme les coléoptères, les fourmis, les mille-pattes, les larves et les vers. Comme ils vivent sur la terre ferme, ils mangent rarement des insectes volants. Les petits mangent d'abord le reste de leur œuf mais se tournent ensuite vers des algues, des puces d'eau et même des larves.
Habitat
Ces amphibiens sont très sélectifs en ce qui concerne leur habitat : ils optent pour des régions ensoleillées aux mares riches en nourriture et à la terre sableuse et meuble. Cet habitat peut par exemple se retrouver dans les landes et les tourbières ou dans les endroits où le sol sableux rencontre des rivières et des ruisseaux. La combinaison de biotopes terrestre et aquatique adaptés est essentielle car ceux-ci feront office d'habitat estival, hivernal et de reproduction. Pendant la période des amours, les pélobates bruns adultes doivent en effet avoir accès à des étendues d'eau claire, riches en nourriture, dépourvues de poissons et pas trop profondes ; ce biotope aquatique est nécessaire pour le développement des têtards. En été, les pélobates bruns s'enterrent jusqu'à 1 m de profondeur pendant la journée et s'activent la nuit. Ils passent par contre tout l'hiver sous terre.
En Belgique, il n'existe plus que deux populations, toutes deux situées dans le Limbourg, à Peer et Zonhoven.
Ce pélobate brun s'enterre dans le sol
Le pélobate brun et l'amour
Au début de la période de reproduction (vers la fin mars), les pélobates bruns se retirent dans de grandes étendues d'eau peu profonde et sans poissons. Depuis le fond des étangs, les mâles émettent un coassement doux pour attirer les femelles. Si sa stratégie réussit, le mâle grimpe sur le dos de la femelle et se maintient en s'accrochant à sa taille, juste derrière les pattes postérieures. Une fois cette position appelée amplexus trouvée, la fécondation peut avoir lieu : Monsieur féconde un cordon rempli d'œufs que Madame a pondu. Ces cordons peuvent contenir entre 1200 et 3400 œufs et ont été enroulés autour de la végétation aquatique. 4 à 10 jours plus tard, les têtards sortent de leur coquille. Ils sont de couleur foncée, grandissent rapidement et peuvent devenir très grands : ils mesurent en moyenne 10 cm, mais certains peuvent atteindre 20 cm ! Ils nagent juste sous la surface et plongent vite en cas de danger. Dès le mois de juillet, la métamorphose commence et les têtards se transforment en pélobates juvéniles mesurant de 2 à 4 cm. Ils quittent ensuite l'eau avant de prendre leur forme adulte.
Relation avec l'homme
À cause de leurs exigences bien spécifiques en matière d'habitat, les pélobates bruns sont par définition très rares. Leur mode de vie mystérieux et caché ainsi que leur léger coassement ne facilitent pas l'évaluation de leurs populations. De plus, personne ne tenait compte de leur présence autrefois. En conséquence, les rares régions adaptées à leurs besoins ont été détruites par l'homme : (re)boisement et assèchement des zones humides ont drastiquement réduit leurs effectifs. En outre, les pélobates bruns sont très sensibles aux engrais d'origine animale qui polluent l'eau, provoquent une perte de leur habitat et des infections fongiques.
Aujourd'hui, le pélobate brun se trouve sur la liste des amphibiens et reptiles protégés et est considéré comme « gravement menacé ». En 2016, un programme de protection a même été lancé en Flandre pour empêcher la disparition de l'espèce. Celui-ci se concentre sur la restauration de ses habitats et sur le maintien des populations existantes ; il profite aussi à d'autres espèces protégées au niveau européen comme le triton crêté, la coronelle lisse, la pie-grièche écorcheur, l'engoulevent d'Europe et l'alouette lulu. Des scientifiques de l'Institut flamand pour l’Etude de la Nature et des Forêts élèvent également des pélobates bruns en aquariums. Ils prélèvent les cordons remplis d'œufs et les laissent se développer dans des aquariums, où les têtards grandissent et ont donc davantage de chances de survie que dans la nature. Ils sont ensuite relâchés dans des étangs dès qu'ils sont suffisamment grands. En Wallonie, le pélobate est considéré comme éteint depuis 1990.
Saviez-vous que le pélobate brun...
- n'était ni un crapaud, ni une grenouille ?
- ne possédait pas de sac vocal comme les grenouilles mais utilisait sa gorge pour produire des sons ?
- était surtout identifié grâce au nombre de mâles chanteurs dans la région ? Ce sont eux qui détermineront les chiffres officiels.