Le blaireau, un animal mystérieux
Animal nocturne et craintif, le blaireau est rarement repéré dans notre pays. Pourtant, le nombre de spécimens écrasés au bord des routes et les diverses traces confirment bien sa présence. Est-il possible que ce grand mustélidé soit plus facile à repérer à l’avenir ?
Si le blaireau est plutôt difficile à approcher, il n’en reste pas moins un incontournable de la nature belge ; plusieurs de nos partenaires l’ont d’ailleurs placé assez haut sur leur liste des Big Five belges. Et même s’il n’a pas été retenu dans le classement final, sa popularité est incontestable. Pourtant, peu nombreux sont ceux qui ont pu observer un individu vivant.
Retour à Bruxelles et en Flandre
Plutôt commun dans les forêts wallonnes, il n’est pas aussi présent dans le reste du pays. Il avait même disparu de la forêt de Soignes dans les années 90 avant de faire son retour en 2017. Au début du mois de mars, un blaireau a été filmé par une caméra de surveillance sur la propriété d’un particulier en plein cœur de Bruxelles, à Woluwe-Saint-Pierre, soit à plus d’1 km de la forêt dont il proviendrait. Une observation rare ! Mais comment expliquer sa présence dans la capitale ?
Après une forte diminution de leur population dans les années 80 à cause du gazage systématique des terriers suite à une suspicion de rage, il semblerait que les blaireaux reviennent en force ces derniers temps. Et pour cause : la campagne de vaccination antirabique menée sur les renards a depuis lors porté ses fruits et la rage est considérée comme éradiquée en Belgique. De plus, le blaireau est un animal protégé dans notre pays. Interdiction donc de le chasser ou de le tuer ! Résultat : ses apparitions se multiplient. Un autre blaireau a été observé dans le Brabant flamand, et plus précisément dans la région de la Dyle, où il est considéré comme rare.
Difficile pourtant de parler d’une augmentation flagrante des populations : on estime que 20 % des blaireaux finiront sous les roues d’un véhicule, et ce particulièrement pendant la saison de reproduction, en hiver. En Flandre, cette proportion double même en raison de la densité de population de la région. En Belgique, chaque kilomètre carré comprend 5 km de route : une véritable menace pour la faune sauvage. De plus, les blaireaux ne donnent pas naissance à des jeunes chaque année, et leurs habitats de préférence ont tendance à diminuer au profit des champs de céréales.
Une bonne nouvelle pour la biodiversité
Après une nouvelle diminution des effectifs en 2009, les populations de blaireaux semblent enfin stabilisées en Belgique. Victime de leur mauvaise réputation qui les identifie comme des nuisibles, leur statut de protection a failli leur être retiré en 2013 suite à une augmentation des dégâts causés aux cultures de maïs qui leur étaient à tort imputés. Heureusement, il a par la suite été prouvé que les blaireaux n’étaient pas responsables de la majorité de ces dommages et que leurs effectifs n’avaient par ailleurs pas suffisamment augmenté pour provoquer tant de dégâts.
La présence de blaireaux signifie que notre nature est en bonne santé. Le blaireau, même s’il appartient officiellement au groupe des prédateurs, n’est pas un chasseur très courageux. Son péché mignon ? Les lombrics. Or, une terre riche en vers est une terre saine et garantie sans pesticides ! En bon omnivore, le blaireau peut aussi manger des racines, des champignons, des fruits ou encore occasionnellement des céréales. En dévorant des baies, il permet la reproduction de certaines espèces végétales, puisque des restes seront disséminés dans ses excréments. Il aura également tendance à se rabattre sur tout ce qu’il trouve, y compris des charognes ; on peut en cela estimer que la présence d’autres espèces de prédateurs tels que les loups va favoriser sa réapparition. En faisant disparaître les cadavres de leurs proies, les blaireaux sont tout aussi essentiels à la gestion de nos espaces naturels. Autre point fort du blaireau : en cherchant sa nourriture et en creusant son terrier, il va retourner la terre, lui permettant ainsi de s’aérer et favorisant aussi la croissance des plantes.
Et pour inviter davantage de blaireaux à trouver leur place, une solution s’impose : la (re)création d’espaces verts, tant en ville qu’à la campagne. Qui sait, peut-être que cet animal craintif et mystérieux élira domicile dans plus d’endroits d’ici peu.