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Comment tourner un documentaire nature en Belgique ?

Notre pays a beau être petit, notre nature est plus grande qu’on ne le pense. Chez Notre Nature, nous en sommes convaincus depuis longtemps, et dès le 21 septembre, tous les spectateurs qui se rendront au cinéma le verront également. « Notre Nature, Le Film » raconte l’histoire des gagnants, des opportunistes, des pique-assiettes, des combattants, des petits malins, des leaders, mais aussi celle des perdants et des espèces qui risquent de disparaître dans quelques années… La survie du plus fort, dans sa forme la plus cruelle et la plus fascinante, dans un pays où la nature sauvage semble a priori ne pas avoir sa place. Dans cet article, les réalisateurs lèvent le voile sur les conditions dans lesquelles ils ont pu mettre en images toute la beauté de la nature.

Avant que le tournage ne commence (en 2019), il a fallu sélectionner les acteurs principaux, les figurants, les biotopes et le scénario parmi une multitude de merveilles de la nature. Avec l’aide de biologistes et d’experts de l’Agentschap voor Natuur en Bos et de Natuurpunt, nous sommes donc partis à la recherche d’histoires poignantes qui méritaient d’être racontées. Et même avec une série documentaire de 6 épisodes (diffusée sur RTL & Canvas début 2023), il nous a continuellement fallu faire des choix.

Quand nous avons décidé de créer un film à partir de ces magnifiques images, il nous est rapidement apparu que toute cette merveilleuse nature devait y figurer. Nous avons une nouvelle fois dû évaluer tous les biotopes pour chaque saison et choisir les espèces les plus emblématiques qui évoluent dans les paysages belges. De longues sessions de brainstorming ont donné naissance à une liste de comportements animaliers qui nous paraissaient intéressants et que nous avons décidé de mettre en images.

 

Près de 1000 jours de tournage

Une bonne préparation représente déjà la moitié du travail ; entre mars 2019 et fin juin 2021, nos deux équipes ont parcouru sans cesse le terrain. Mais pourquoi ce tournage a-t-il duré si longtemps ? Lors de la réalisation d’un documentaire nature, le plus grand obstacle est la nature elle-même, car elle ne se laisse pas diriger. Pour raconter une histoire passionnante, nous avions besoin de suffisamment d’images, qui n’arrivent pas d’elles-mêmes sur un plateau. Il nous a fallu être patients. Très patients.

Au total, 960 jours ont été nécessaires pour biffer tous les éléments sur notre liste de souhaits, ce qui a représenté des centaines d’heures de matériel visuel. Même en ayant un bon scénario et une shot list plausible, les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu sur place, et il faut prendre ce que la nature est prête à nous donner. En analysant tout le matériel vidéo, en réalisant des montages, en répertoriant tous les éléments qui nous manquaient, en réorganisant les scènes et en les montant différemment, nous avons donné vie à notre série et à notre film.

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Le printemps de la dernière chance

Parfois, nous avons dû supprimer des scènes qui nous étaient chères ; parfois, nous avons reçu des cadeaux inattendus ; et parfois, des miracles se sont produits alors que nous avions abandonné tout espoir. Nous voulions par exemple absolument filmer le rituel de reproduction des grenouilles des champs, durant lequel les mâles deviennent bleu vif pour quelques jours. Les opportunités étaient très limitées, et quand le phénomène est terminé, il faut attendre un an avant qu’il ne se reproduise. De plus, ces animaux sont très rares et souffrent de la sécheresse. À certains endroits, le nombre de couvées avait diminué de 90 %, ce que nous savions. Après deux printemps infructueux, nous n’avions aucune image utilisable de cet amphibien. Jusqu’en 2021 – le printemps de la dernière chance, où nous avons enfin fait mouche. Nous étions si soulagés d’avoir une grenouille bleue dans notre documentaire ! Il s’agit non seulement d’une histoire spectaculaire, mais aussi d’un bon exemple des défis que la nature nous oppose chaque jour.

Pas de documentaire sans sons

L’enregistrement des pistes audio a lui aussi représenté un vrai challenge. Il y avait d’abord la sublime musique composée par Dirk Brossé – qui était déjà impliqué dès le début du processus. Son œuvre donne un rythme et de la couleur aux images. Comme dans tout documentaire nature, les sons n’ont pas été enregistrés en même temps que les images mais ont été ajoutés par la suite. Nous avons rassemblé les sons parfaits avec la plus grande précision possible : il s’agit d’une sélection de bruits enregistrés sur place, d’enregistrements en studio de bruitages Foley qui se rapprochent par exemple du bruit d’un insecte rampant et de chants d’oiseaux enregistrés dans le même biotope et à la même saison. Chaque battement d’aile, de la plus petite luciole à la plus majestueuse grue cendrée, devait être parfait pour donner au spectateur l’impression que le cinéma était au cœur de la nature.

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