Aller au contenu principale
Réserve naturelle De Ballewijers
Réserve naturelle De Ballewijers
Yves Adams

L’or bleu : comment se portent nos nappes phréatiques ?

L’eau est essentielle à la vie et au bon fonctionnement de notre nature. Jusqu’ici, rien de nouveau. Sauf que nos réserves d’eau souterraines ne sont pas – toujours – aussi bien alimentées que prévu. Comment notre pays, pourtant si souvent frappé par des averses, peut-il être à court d’eau ? Et comment éviter que la sécheresse ne nous touche de plein fouet ?

Notre pays a la réputation d’être régulièrement soumis aux averses, nous donnant l’impression que l’eau n’est jamais très loin. Pourtant, l’eau douce reste une ressource rare à l’échelle mondiale ; saviez-vous qu’elle ne représentait que 2,5 % de toutes les réserves d’eau de la planète et que la majorité de l’eau douce était contenue dans les glaciers, restant donc hors de portée ? En réalité, moins d’1 % de l’eau est exploitable sur tout le globe. Notre petite Belgique riche en cours d’eau et en nappes phréatiques ne se porte donc pas si mal – sur papier du moins. Car en pratique, notre pays souffre de « haut stress hydrique », ce qui signifie que malgré toute l’eau qui nous tombe sur la tête, nous en utilisons entre 40 et 80 % chaque année.

Chez nous, la moitié de l’eau douce est extraite du sol, d’où l’importance de nos fameuses nappes phréatiques. Ces dernières sont notre principale source d’eau potable, les eaux de surface (lacs, cours d’eau) étant majoritairement employées pour l’agriculture et l’industrie. Pour être remplies – et donc opérationnelles si nous souhaitons en faire un usage durable – les nappes ont bien évidemment besoin de précipitations plus ou moins abondantes, et surtout régulières. Le type de sol n’étant pas uniforme dans tout le pays, certaines régions sont plus riches en eau que d’autres. Si les Hautes Fagnes sont bien aidées par leur 1400 mm de précipitations annuelles, leur sol schisteux imperméable empêche l’eau de rejoindre les nappes et crée ainsi les tourbières, zones humides par excellence, tandis que les sols plus calcaires (Namur, Tournai) ou sableux (Bruxelles) seront propices aux infiltrations.

Boerekreek
Yves Adams
Boerekreek

Inondations et sécheresse

L’été dernier, nos nappes phréatiques étaient remplies pour la première fois depuis quatre ans. L’année globalement humide et surtout les inondations de juillet 2021 qui ont chamboulé nos vies ont permis de renforcer nos nappes phréatiques, qui se rechargent généralement durant l’hiver mais n’avaient plus eu l’occasion d’atteindre leur niveau normal depuis l’hiver 2017-2018. En cause : les hivers trop doux et trop secsainsi que les canicules estivales causés par le réchauffement climatique. Durant la saison froide, les plantes ont moins besoin d’eau ; par conséquent, les précipitations peuvent directement rejoindre la terre – si du moins le revêtement le permet. Inutile de préciser qu’un sol bétonné se contentera de laisser l’eau ruisseler sans s’infiltrer, contrairement à la terre nue ou à l’herbe. Si les averses sont trop rares, nos réserves annuelles ne peuvent plus se renouveler avant l’été, et c’est le drame.

Lorsque les températures augmentent, la sécheresse n’est jamais loin. En 2019, nous avons atteint un triste record avec des températures dépassant 40 °C ; logiquement, l’évaporation est plus importante quand les températures sont extrêmes, et cet été particulièrement chaud n’a pas été bénéfique pour notre nature. À la moindre averse, la majorité de l’eau est retenue par les plantes assoiffées avant de pouvoir rejoindre les nappes phréatiques. Pire encore : certaines communes de notre pays ont dû imposer des mesures de restriction concernant l’utilisation de l’eau potable. Du jamais vu ! En 2017, le centre de crise wallon a même créé une « cellule sécheresse » dont les acteurs se rassemblent tous les mois printaniers et estivaux afin d’évaluer le niveau de nos nappes phréatiques. Les choses semblent encourageantes cette année, mais nous ne sommes pourtant jamais à l’abri d’une catastrophe.

Comment préserver nos réserves ?

Si nous ne sommes pas encore en passe de devenir un véritable désert, il est pourtant urgent que nous apprenions à utiliser nos ressources aquatiques autrementafin d’éviter une pénurie lors des années trop sèches.

  1. Soutenez la préservation des zones humides. Les tourbières, vasières et marais sont de vrais tampons qui retiennent l’eau (bye bye les inondations) tout en luttant contre le réchauffement climatique. Or, si les températures augmentent moins, l’eau s’évapore moins et a plus de chances de rester dans le sol.
  2. Économisez l’eau du robinet. Cela semble logique, mais il vaut parfois mieux le répéter ; ne laissez pas couler l’eau pour rien et fermez le robinet (par exemple quand vous vous brossez les dents ou vous savonnez les mains). N’hésitez pas à investir dans une citerne d’eau de pluie ou dans un tonneau si c’est possible.
  3. Tondez votre pelouse moins souvent. Le gazon protège les sols de la sécheresse, et en plus, vous attirerez davantage d’insectes pollinisateurs en laissant les « mauvaises herbes » s’en donner à cœur joie.
  4. Optez pour des plantes qui nécessitent peu d’eau. Haies d’aubépine, parterres de géraniums sanguins et achillées peuvent se passer d’eau pendant un moment. Et comme il s’agit de plantes indigènes, elles seront parfaites pour se fondre dans la faune et la flore locales.
  5. Évitez les revêtements imperméables dans votre jardin. Les dalles de béton empêchent l’eau de pluie de rejoindre nos réserves souterraines.

En savoir plus


Articles liés